C’est l’histoire d’une série qui s’avale comme des smarties : On sait que ce n’est pas très bon, on sait que l’on n’en gardera pas un souvenir impérissable, mais on les mange quand même parce que c’est sucré, facile, rapide. Parce que le temps que cela dure, c’est agréable, et que parfois, on ne cherche pas beaucoup plus que ça…
C’est donc l’histoire de la série Gansett Island de Marie Force.
Une auteur que je connaissais déjà (si si, regardez l’index, il y a d’autres livres d’elle qui ont été chroniqués), pas forcément une auteur que j’adore mais je la trouve souvent intéressante. Là, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais elle donne encore plus dans le bon sentiment guimauve que d’habitude. Et vous devez bien vous douter que je ne trouve pas cela si désagréable, vu que je viens de lire à la suite les 5 premiers tomes de la série (sur 11 – pour l’instant !!!). Que voulez-vous, la vie est tellement plus simple dans les romans que je jette par la fenêtre toute exigence de crédibilité en ce moment… (et il faut bien ça pour lire cette série)
Je disais donc, ce sont des smarties que j’avale à toute vitesse, mais il y a quand même quelque chose qui me chiffonne :
Tome 1, Mac MacCarthy revient sur l’ile après des années d’absence. Trop de travail, pas assez de vacances, une crise d’angoisse et un médecin qui le diagnostique au bord du burn-out, et voilà Mac prêt à changer de vie. Aidé par le fait qu’il cause un accident 5 minutes après son arrivée et qu’il se retrouve à jouer les garde-malade pour Maddie et son fils de 9 mois. Ne nous encombrons pas de détails. C’est le coup de foudre absolu, la vie de Mac est transformée en 15 secondes, il veut l’épouser après 24h, achète une maison sur l’ile après une semaine, bref, vous l’avez compris, ici on ne fait pas dans la dentelle, c’est de l’amour avec un grand A.
Seulement voilà.
Maddie est supposée être la slut de l’ile. Genre, réputation horrible de fille facile qui se serait tapé la moitié du lycée. Ok, c’est aussi une locale. Elle a grandi sur l’ile, tout le monde la connait (elle ou sa réputation, c’est pareil). On est 10 ans après le lycée. Et étrangement, elle en paye encore méchamment les conséquences. Du genre à son travail (elle est femme de ménage dans un hôtel), on lui refile toujours les chambres les plus ravagées et difficiles à faire. Du genre, c’est un peu Hester Prynne dans la Lettre écarlate, et si on accepte encore de la servir dans les magasins, le contact reste froid et impersonnel, elle ne se lie pas vraiment d’amitié et n’a de vrais contacts qu’avec sa sœur. Et le fait que Miss Maddie soit mère célibataire, avec un enfant dont personne ne connait le père, n’arrange pas ses affaires.
Mais regardons un peu les faits : personne ne l’a non plus jamais vue avec un homme. Alors comment cette trainée de premier ordre fait-elle pour maintenir sa réputation, je vous le demande ? Ok, les gens ont la mémoire longue et les rumeurs ont la peau dure. Mais quand même… Personne pour prendre sa défense ? Ah ben si, il y a Mac qui arrive, tel un preux chevalier, pour la sauver d’elle-même. Car bien évidemment, après une vie entière d’ostracisme, dès l’instant où Mac réduit en poussière la rumeur qui lui pourrit la vie depuis plus de 10 ans (non elle ne s’est pas tapé la moitié du lycée – tous les mecs ont menti), et rétablit la vérité (elle est quasi-vierge, elle n’a eu qu’un homme dans sa vie et cela a duré… 2 nuits – juste assez pour se retrouver enceinte), alors, comme par magie, sa vie change.
Oui, d’un coup, la mère de Mac approuve leur relation, la postière se souvient de son prénom, et sa chef de service lui présente ses excuses pour lui avoir imposé les taches les plus pénibles depuis si longtemps.
Bon.
Et si on se lançait dans un débat de mœurs ?
J’ai un peu envie de dire, Maddie a une réputation de fille facile, ET ALORS ??!!!
Cela suffisait à justifier que tout le monde lui rende la vie encore plus difficile ? C’est une raison pour désapprouver sa relation avec Mac, sous prétexte qu’une fille qui aurait eu plus d’un amant ne mérite pas de rencontrer l’amour (surtout si c’est un homme bien, mais lui a le droit d’avoir accumulé les conquêtes car cela fait de lui un play-boy et le rend juste encore plus désirable) (admettons que Maman MacCarthy ne soit pas ravie, cela ne la dispense pas d’être au moins polie…) ? C’est une raison pour être traitée comme une moins-que-rien/souffre-douleur au travail ? J’ai raté l’épisode où une vie privée de débauche dégrade la performance professionnelle…
Et le fait qu’elle soit à ce point innocente en contraste avec sa réputation, a un vieux relent de « l’héroïne doit être pure et innocente pour mériter son héros »… Dans le cas de Maddie : tu avais des gros seins donc les hommes te désiraient donc tu es punie par cette rumeur que tu traines depuis 10 ans, et tu as couché avec un homme de manière inconsidéré (hors mariage ou promesse de mariage on dirait ??!) donc tu te retrouves enceinte du premier coup, mais comme tu es quand même gentille on va dire que tu as payé ta dette et que maintenant tu mérites ton happy end… Sous-entendu vaguement moralisateur qui me fatigue de plus en plus.
Ou c’est moi qui suis un peu naïve de croire que la modernité serait justement d’avoir une héroïne qui AURAIT couché avec la moitié du lycée, et qui n’en serait pas punie pour autant, et que tout le monde accepterait cet état de choses, et qu’après tout ce qui compte c’est ce qu’elle est maintenant et pas ce qu’elle a fait ou pas fait au lycée, sans même compter que ce qu’elle a effectivement fait est parfaitement ridicule !
Bref.
A votre avis, on fait quoi de cette mauvaise réputation en romance ?
Bonne journée,
Chi-Chi
En bonus, une chanson de Bénabar que j’adore – et qui parle bien de ça…
Cette mauvaise réputation on la brûle. Je suis d’accord avec toi, ça pue violent. Il y a toujours un contraste entre le dom juan et la slut alors qu’au fond même combat. À quand la fin du slut-shaming? Bientôt j’espère!
Super article.
J’entends dire partout qu’on est trop libérales parce qu’on est françaises… 😉
Ce côté m’a aussi gênée dans l’histoire. (Mais je vois que ça ne t’a pas empêché, en effet, de lire les autres!!). Ce que j’aurais aimé, moi, c’est qu’une fille ne reste pas 10 ans à se faire maltraiter pour quelque chose qu’elle n’a pas fait, et laisser les garçons indélicats ce pouvoir de décréter qui est « bien » et qui ne l’est pas. Maddie était bien trop passive et trop écroulée sous le poids de son passé! Je préfère les héroines qui ont un peu plus de répondant et de courage.
oui, je réalise que je ne l’ai pas mentionné mais comme toi… SERIEUX? 10 ans et pas une fois elle essaye de se défendre?
Paillasson va…
J’aime pas non plus ce « double standard ».
Et j’adore cette chanson de benabar!
Oui, trop belle, ma préférée de lui… ❤
Mouais, j’avais déjà pas envie de tester Marie Force (je n’aime pas ses résumés) mais là je vais laisser tomber. Je préfère quand l’auteur assume son choix jusqu’au bout (quitte à ne pas plaire à une partie de lecteurs): soit l’héroïne a vraiment couché avec la moitié des mecs du lycée, soit elle n’a rien fait, et dans ce cas, écrire une histoire différente.
C’est vrai que cela fait un peu non assumé en tout cas…
J’adore la chanson. Et ce double standard me grrrrrrr… surtout dans le contemporain. Je pense que je vais passer malgré que tu aies lu les 5 à la suite!
😉 je pense en effet que c’est mieux de passer son chemin. Tous les tomes ne sont pas comme ça, seulement le 1er, mais ce n’est pas une série inoubliable pour autant!
oh benabar !que de souvenirs de mes années lycée aussi…. et merci pour tous ces conseils lecture!xxx
Avec plaisir! 🙂
Sincèrement, j’en ai aussi marre des héros dont tout le monde suppose qu’il n’a fait que coucher avec des femmes. Déjà, dans la vraie vie, ce n’est pas intéressant (puis c’est moins facile que ça n’en a l’air!) mais en plus, dans tous les romans que je lis en ce moment, la fille suppose que le héros ne manque pas de compagnie la nuit etc etc…
M’enfin, ya pas que le sexe dans la vie! De nos jours, on pourrait dépasser un peu le « il est bien, donc il a plein de filles à ses pieds et il en profite », non?
Oui, j’apprécie de plus en plus les héros « normaux » – la tendance à mettre du sexe partout est parfois fatigante, surtout qu’on peut être un mec génial et choisir d’être un peu regardant sur ses partenaires. Parfois c’est limite « tu es la 1ere fille bien que je rencontre dans ma vie et c’est pour cela que je t’aime », alors que bon, il doit bien avoir croisé d’autres femmes « potables » dans sa vie, et toutes les femmes a part l’héroine ne sont pas des trainées!
Je ne connaissais pas. Ni l’auteur d’ailleurs. Mais tu m’as bien donné envie. Parce que moi aussi j’aime bien la guimauve ^^ Même le sentiment d’injustice que tu ressens envers l’héroïne rejetée par le village à cause de sa réputation. Ca me plait de me sentir révoltée par les traitements de l’héroïne. Pour ce qui est de son évolution vers un comportement pur, je pense que c’est aussi pour amplifier le sentiment de compassion du lecteur. Et je pense que pour s’attacher à un personnage « slut » qui n’aurait pas évolué, il faut vraiment que l’auteur le traite avec subtilité.
Mais bon, sans avoir lu, difficile de donner mon avis. Si je le lis en cas je reviendrais participer au débat ^^
Tu as probablement raison sur le fait que l’auteur chercher à nous faire compatir avec l’héroine, c’est sur! 😉
Ca me fait penser à une romance des années 70-80. Voire à du Barbara Cartland. L’héroine ne peut pas être une femme qui aime faire l’amour et a eu plusieurs amants. On en trouve encore pas mal dans les romances mine de rien. Le héros peut avoir coucher avec toute la gente féminine de son lycée/université/boulot/ville/pays (rayer la ou les mentions inutiles) mais si l’héroine regarde son voisin de palier avec une expression se rapprochant de celle qu’on a en regardant la devanture de son boulanger-patissier, paf c’est une sa….. ca me saoule de plus en plus. Je crois que je vais faire une croix sur cette auteur. La guimauve OUI, la niaiserie, l’hypocrisie et le bien-pensant, NIET. 🙂
Ou alors je vais emprunter un barbara cartland incognito à la ma bibliothèque …. Au moins, je sais ce que je vais trouver, et certains vous donnent même de beaux fous rires. 🙂
Il y a un peu de ça oui!
Je dirais que ce n’est pas la peine d’insister, il y a bien d’autres choses sympathiques à lire à la place! 😉