Réédition du 23/06/2011
Récemment, je parlais lecture avec ma mère. J’avais lu La solitude des nombres premiers. Elle avait lu Trois vies chinoises de Dai Sije. Et tandis qu’elle me disait combien elle avait trouvé cette histoire désespérante, je me suis retrouvée en train de lui expliquer pourquoi j’aimais tant la romance. Un livre qui vous envoie un message positif, que vous refermez avec l’idée que le monde est un endroit plus beau, que l’amour n’est pas vain, cela n’a pas de prix. Ma mère comprend ce point de vue, même si elle n’est pas elle-même une fan de romance, et après tout, c’est elle qui m’a mis entre les mains ces livres qui ont formé mon goût et mon caractère! A la même époque où je découvrais Le Mouron Rouge et Anne of Green Gables, toujours dans la bibliothèque familiale, se trouvait Jane Eyre. Longtemps je me suis méfié de ce livre, héritage d’un temps ancien où les couvertures n’avaient pas d’image! Reconnaissez que c’était suspect…
Aujourd’hui, Jane Eyre est pourtant une de mes références. Malgré les multiples adaptations en film (dont une version avec Charlotte Gainsbourg en 1996, et une nouvelle version est prévue le 7 septembre 2011, avec Mia Wasikowska dans le rôle-titre), c’est toujours vers le livre que je reviens.
Ce roman de Charlotte Brontë a été publié en 1847 en Angleterre. Le succès est immédiat, et le livre sera traduit en français dès 1854. Présenté comme l’autobiographie de la narratrice, l’histoire nous fait suivre la vie de Jane Eyre sur une quinzaine d’années.
Jane, orpheline de dix ans, est hébergée par une vague relation de famille, Mrs Reed. Cette dernière n’est pas du tout contente de la situation, elle considère Jane comme une gêne, la maltraite et la punit durement si elle ose se rebeller. Après un incident particulièrement violent, Mrs Reed décide de se débarrasser de Jane et l’envoie à Lowood, école pour jeunes filles « difficiles ». Les conditions de vie y sont extrêmement rudes, la discipline de fer pour corriger toutes des demoiselles de leurs « vices ». Et Jane restera huit ans à Lowood, huit ans durant lesquels elle survivra plus qu’elle ne vivra réellement, mais huit ans durant lesquels son caractère se forgera, autour d’une idée : être indépendante. Le jour où Jane quitte l’internat, ce sera pour devenir l’institutrice d’Adèle, pupille du mystérieux Mr Rochester, à Thornfield Hall.
J’hésite à vous en dire plus, car si vous n’avez pas encore lu ou vu Jane Eyre, je m’en voudrais de gâcher pour vous la découverte de la suite!
La relation entre Jane et Mr Rochester va bien sûr occuper une place centrale dans la suite de l’histoire, mais les personnages qui les entourent ont une importance fondamentale. Tout le roman se déroule dans une ambiance sombre, presque pesante, un secret plane sur Thornfield Hall, des rumeurs courent, et Jane, comme le lecteur, ne sait que croire. En lisant Jane Eyre, j’ai toujours l’impression d’entrer dans une bulle, un espace où le temps n’a pas de prise, dans des lieux noyés de brouillard et de froid. Dans cet univers évoluent des personnages qui sont à l’exact opposé de cette ambiance, Jane est ardente en dépit des apparences, Mr Rochester est passionné… La personnalité de Jane, discrète jusqu’à l’effacement, mais farouchement indépendante, est tout à fait hors du commun pour une femme de son époque. C’est pour moi une héroïne tout à fait extraordinaire, surtout parce qu’elle est féministe dans un monde où le concept même du féminisme était très mal vu, parce qu’elle s’est formée seule dans un environnement où rien ne l’y encourageait, parce qu’elle est incroyablement forte tout simplement.
Si les films se concentrent le plus souvent autour de l’histoire d’amour entre Jane et Mr Rochester, ce serait faire un raccourci que de croire que l’histoire ne se limite qu’à cela. Jane Eyre n’est pas seulement une histoire d’amour, c’est avant tout un roman d’initiation, une histoire de femme dans l’Angleterre victorienne, c’est surtout l’histoire de Jane qui refuse d’être une victime et de subir sa propre vie. De plus, Charlotte Brontë manie la plume avec art, son écriture est très poétique, marquée par les influences romantiques de l’époque, avec une nuance presque gothique par moments!
Je vous recommande donc la lecture de Jane Eyre, sans vous contenter des versions cinématographiques. Mais, si vraiment vous n’avez pas le temps, pour les fans, le lien audio-book!
Bonne lecture,
Chi-Chi
J’aime beaucoup ce roman! En lisant ta chronique, je me dis que finalement Jane Eyre a une personnalité hors du commun même si elle était une personne de notre époque…
Oui je crois que c’est un caractère fort, qui résiste bien à l’épreuve du temps!
Un de mes livres favoris, un immense coup de cœur ! Un livre vraiment phénoménal
Totalement d’accord!