La tentation d’un soir – Hathaway 3

(Réédition du 08/08/10)

Souvenez-vous, nous avions laissé nos Hathaway en bonne voie vers l’intégration dans la haute société londonienne, quelques années (4 ans, n’exagérons rien) se sont écoulées, le domaine familial reprend forme, les couples formées par Cam et Amélia, Win et Merripen sont toujours aussi heureux, la famille s’agrandit, bref, la vie a suivi son cours. Et voilà que Poppy, n°4 de la famille, est en âge de se marier. Et elle ne rêve que d’une chose : mener une vie normale. Les excentricités familiales, c’est épuisant! Se faire remarquer, mais pour les mauvaises raisons, c’est embarrassant. Alors non, elle n’a pas honte de sa famille, mais elle veut épouser un homme tout ce qu’il y a de plus classique et « comme il faut », et mener une vie tranquille…

Évidemment, comme disent nos amis britishs, «best laid plans»… Les choses ne se passeront pas exactement comme Poppy le souhaite! Au passage, Poppy, c’est un joli prénom non? Ça veut dire « coquelicot », j’aime bien le concept…

Dans les romans de type régence, on parle souvent de la Saison. La Saison, c’est une période entre avril et juin où le gratin de l’aristocratie se retrouvait à Londres pour socialiser, et lancer leurs précieuses têtes blondes sur le marché du mariage. Autant dire, une étape obligatoire pour toute jeune fille qui se respecte et souhaite se trouver un fiancé. Les Hathaway se trouveront donc à Londres pour la Saison, Poppy cherchant un mari! A défaut d’avoir une maison de ville en plus de leur domaine à la campagne, les voilà obligés de louer une suite au Rutledge, un hôtel, certes de très haut standing, mais pour l’époque, vivre dans un hôtel, ce n’était tout de même pas très bien vu. Les chances de Poppy d’attirer un jeune homme respectable, quand on ajoute à cela sa famille excentrique, sont plutôt minces. D’ailleurs, plus d’un prétendant a renoncé…

Poppy ne vit pas très bien cette situation. Mais le pire est encore à venir : un jour, en pourchassant un furet (lequel appartient à sa sœur Béatrix, et ne négligez pas cette information car elle aura une grande importance pour la suite de nos histoires), Poppy rencontre Harry Rutledge, propriétaire de l’hôtel. Un jeu de séduction (en tout bien tout honneur évidemment, si la séduction n’était pas quelque chose de respectable, cela se saurait!) s’installe entre eux, et ce qui devait arriver arriva, Poppy et Harry se trouvent surpris dans une position compromettante.

Dans n’importe quelle famille ordinaire, cela voudrait dire qu’un mariage s’impose, mais pas chez les Hathaway. Non, Léo, le grand frère, ne donnera sa permission (ah, l’époque bénie où les femmes avaient besoin de l’autorisation de leur gardien légal pour se marier…) que si Poppy est d’accord. Bon, soyons réalistes, elle finira bien par dire oui, sinon cela pourrait poser un sérieux problème dans l’évolution de leur histoire d’amour.

Mais j’ai assez apprécié que 1) Poppy ait suffisamment d’intelligence pour ne pas se précipiter sur la solution de facilité ou se résigner à ce mariage avant d’avoir pris le temps d’y penser et que 2) Harry sache, dès sa 1ere rencontre avec Poppy qu’il veut l’épouser, même si pour cela il utilise des moyens assez peu honorables pour lui forcer la main. Cela donne à leur relation une profondeur que je trouve bien plus touchante, car ils se posent des questions sur les raisons qui les poussent l’un vers l’autre, au-delà de la simple attraction physique, sur laquelle trop d’auteurs se reposent lourdement pour justifier l’amour naissant.

On pourra me dire ce que l’on voudra, l’amour ce n’est pas l’attraction physique, et avoir follement envie de faire des choses pas très catholiques avec un homme, même dégoulinant d’hormones viriles, ce n’est pas non plus de l’amour!!!

Évidemment, une fois mariés, Poppy et Harry auront encore pas mal de chemin à faire l’un vers l’autre, d’autant que Harry est un homme mystérieux (quel héros de romance ne l’est pas en même temps) et qu’il n’est pas trop d’accord pour partager son jardin secret.

Encore une fois, Lisa Kleypas réussit un coup de maître, la série ne tourne pas en rond, les personnages ont tous leur personnalité distincte et on trépigne d’impatience de connaître la suite!

Bonne lecture,
Chi-Chi

L’étreinte de l’aube – Hathaway 2

(Réédition du 31/07/10)

Revenons à notre série de Lisa Kleypas.

Je dois avouer que si je voulais connaître la suite des aventures des Hathaway, l’histoire de Win (L’étreinte de l’aube en français) n’était pas celle que j’avais le plus hâte de lire. En effet, les deux héros, que l’on rencontre dans le livre précédent, sont tous les deux de nature plutôt réservée. On les connaît donc mal, et je craignais vraiment que toute « l’intrigue » tourne autour de leur incapacité à se parler. Si si, ce n’est pas une blague, il arrive que les auteurs de romance tiennent 300 pages sans que les héros n’aient une seule vraie conversation ensembles sur leurs sentiments, d’où des cascades de malentendus tous plus stupides les uns que les autres. Autant dire que dans ce cas, le livre est rarement bon. Ah, l’incapacité des héros à se parler…

C’est un ressort classique, et en ce qui me concerne, très agaçant. Comment peut-on tomber amoureux que quelqu’un à qui on ne parle pas (et par conséquence, dont on ne sait rien…)??! Les éléments utilisés par les auteurs pour faire rebondir leurs histoires me font parfois lever les yeux au ciel, tant ils sont peu crédibles. C’est un problème que l’on ne rencontre pas que dans la romance à mon humble avis! Vous connaissez la peinture au numéro? Eh bien on dirait un livre écrit au numéro…

Comme si il existait un recueil des situations et de mécanismes et qu’en cas de nécessité, l’auteur se tournait vers lui pour y piocher son inspiration…Et on se retrouve avec des personnages qui n’ont pas de substance, car ils agissent de manière illogique!

Maintenant que je vous ai bien fait peur, je vous rassure, rien de cela ici!
En même temps, pourquoi me suis-je inquiétée??! Lisa Kleypas ne déçoit pas ses lecteurs, elle a cette grande qualité de savoir éviter les ressorts trop prévisibles, même quand elle ne parle pas de grandes aventures dans des contrées exotiques! Et ceux qu’elle utilise sont assez finement intégrés à l’histoire pour ne pas agresser le lecteur.

Enfin, revenons à nos moutons. Win est une « invalide » : elle a eu la scarlatine quelques années plus tôt et ne s’en est jamais vraiment remise. Sa santé reste très fragile, elle s’épuise en montant un escalier, bref, ce n’est pas la grande forme! Mais, comme Win n’est pas la petite chose fragile et sans volonté que l’on pourrait croire (et au passage, physiquement, elle remplit parfaitement le cliché de la belle blonde éthérée que tout le monde sous-estime à cause de son apparence), elle décide de partir en France dans une clinique spéciale, suivre un traitement révolutionnaire (maintenant que tous les soucis financiers sont réglés). Et à son retour, deux ans plus tard quand même (la clinique fait des miracles, mais il faut que cela reste crédible, n’est-ce pas?) la voilà transformée. Merripen (Kev de son petit nom) est un bohémien grand et sombre, bref, le parfait héros ténébreux au passé mystérieux, qui a été élevé par la famille Hathaway depuis l’enfance (mais il ne parle jamais de ses souvenirs, respectons le mythe du héros s’il-vous-plaît) (Oui, aujourd’hui est un jour de parenthèses.) (Ça me plaît bien en fait…).

Bref, Win et Merripen se connaissent quasiment depuis toujours, et s’aiment en secret et en silence depuis à peu prés aussi longtemps (Ah, les amours d’enfance qui grandissent… bah euh, rien de spécial sur le sujet en fait…). Et c’est à ce moment là qu’un frisson de crainte vous saisit : mais en fait, les héros s’aiment et ne se le disent pas??! Eh bien oui! Mais respirez, tout va bien, ils ne mettront pas trop longtemps après le début du livre à se le dire. Enfin Win surtout… Merripen lui est surtout persuadé de ne pas être digne d’elle, il l’a placée sur un piédestal tellement haut qu’il ne la voit même plus!

Et voilà, Win réussira-t-elle a convaincre Merripen qu’il est digne de son amour et qu’il est bien l’homme qu’elle veut? Le suspens est d’autant plus insoutenable qu’on voit survenir de tous les cotés des révélations sur les origines de Merripen, avec en prime, des relents de vengeance (dans les livres, les méchants attendent toujours pile 25 ans, que le héros ait une amoureuse, pour mettre leur plan diabolique à exécution)…

Ne vous y trompez pas, ce livre est agréable à lire, mais 375 pages pour que cette espèce de tête de mule de héros dépasse son complexe d’infériorité, c’est un peu frustrant, aussi sympathique soit-il! Et bien évidemment, on retrouve avec délice les autres Hathaway, et on trépigne d’autant plus que l’on voit s’esquisser une future histoire…

Bonne lecture,
Chi-Chi

Les ailes de la nuit – Hathaway 1

(Réédition du 27/07/10)

Laissons là le contemporain pour revenir à nos séries.

Mine till midnight (Les ailes de la nuit en français) est donc le 1er livre de la série des Hathaway. Il prend le temps de poser le décor, dans un contexte classique de régence anglaise. Mais pour le lecteur fidèle, Cam, le héros, est déjà familier, c’était l’un des personnages récurrents de la série « Wallflowers » qui a précédé celle-ci. On a d’ailleurs le bonheur de retrouver un certain nombre des personnages déjà rencontrés et d’avoir de leurs nouvelles…

Cam, gitan, d’une beauté renversante et exotique, élevé par le tenancier d’un casino pas des mieux fréquenté, très doué pour les affaires, donc très riche, donc accepté avec grande réticence par la bonne société qui le méprise, ce dont il se fiche royalement (mais sans tomber dans l’excès ou la provocation, c’est un calme), partagé entre deux cultures, il est pour le moins complexe! Personnellement, j’ai longtemps spéculé sur le genre d’héroïne qui lui serait attribué, il m’était très sympathique et je ne voulais pas qu’il finisse entre les bras d’une chiffe-molle!

Finalement, c’est Amélia qui emportera ce gros-lot! Amélia, c’est l’héroïne typique qui ne paye pas de mine. Venant plutôt de la bonne bourgeoisie campagnarde, parents décédés, donc situation financière pas brillante, elle prend très à cœur son rôle d’aînée. Et puis, évidemment, nous sommes dans un roman où tout doit bien se finir, in extremis et par une bizarrerie d’héritage, son frère Léo entre dans les rangs de l’aristocratie, toute la famille va pouvoir profiter des avantages que cela procure (notamment financiers, on l’aura bien compris!). Propulsés à Londres dans un milieu qui n’est pas du tout le leur, les Hathaway accumulent les impairs et les faux-pas, et Amélia, en bonne mère poule qui se respecte, cherche une solution pour faciliter l’intégration de sa famille, notamment de ses jeunes sœurs. Cette solution passera bien évidemment par Cam… Comment un original comme Cam peut aider une famille d’originaux comme les Hathaway à se faire bien voir de la bonne société londonienne? C’est ce que je vous laisserai le plaisir de découvrir.

Leur rencontre fait des étincelles. Ce sont tous les deux des protecteurs, plus habitués à prendre soin des autres qu’à se soucier d’eux-mêmes. Et puis voir cette fratrie hors du commun, comme un poisson hors de l’eau dans les beaux salons londoniens, cela donne lieu à des scènes absolument savoureuses. D’autant que, étant moi-même dotée d’une famille nombreuse, j’adore voir comment les auteurs parlent des relations familiales (souvent un peu idéalisées certes, mais tellement drôle…). C’est l’ouverture parfaite pour une série, tous les personnages sont intrigants, j’ai trépigné d’impatience en attendant la suite!

Bonne lecture,
Chi-Chi