Mais surtout, j’ai pu prendre le temps de vous écrire un vrai article, en prenant le temps d’y réfléchir et tout et tout, un grand luxe! Le sujet m’a été soufflé en écrivant mon article de la semaine dernière… Il y a décidément des choses qui me hérissent dans certains livres, parfois un ressort de l’histoire, parfois un simple détail, mais dans tous les cas, un je-ne-sais-quoi que je ne peux pas ignorer. Ces petits (ou moins petits) agacements de la lecture, c’est ce que nos amis anglophones appellent les « pet-peeves », expression que j’aime beaucoup, et pour laquelle je ne vois pas vraiment d’équivalent en français…
Je ne nommerai pas bien sur les retrouvailles, entre la semaine dernière et le post de Tam-Tam, je crois que nous avons fait le tour de la question, mais ce ne sont pas les autres exemples qui manquent. Je déteste donc :
– Les héros frappés par la flèche de Cupidon dès la page 3, et qui passent tout le roman à s’admirer avec des yeux pleins d’étoiles. L’intérêt de raconter une histoire, c’est justement de voir se développer les relations entre les personnages!
– Les anachronismes, des héros parlant comme nous dans un contexte historique, souvenez-vous de Miss Sophie Harlow… Modernité oui, mais un peu de réalisme par pitié!
– Les erreurs de géographie. Chers auteurs, pitié, ouvrez un atlas avant d’écrire des horreurs. Madame Nora Roberts, NON, Le Havre n’est PAS un port de la Méditerranée!
– Les héros qui se détestent au premier regard sans savoir pourquoi, mais ne peuvent pas contrôler leurs instincts bestiaux et roulent dans la paille ensembles à la première occasion! Perso, je n’ai pas spécialement envie de faire des choses avec mon ennemi juré, sauf peut-être lui envoyer quelques claques…
– Et tiens, justement, puisqu’on en parle, c’est quoi cette habitude déplorable de n’avoir strictement aucun self-control sur sa libido??! Des héros qui passent leur temps à se grimper dessus comme des singes en rut, c’est fatiguant à la longue!
– Les descriptions à n’en plus finir… Ce que Tam-Tam appelle du remplissage : tous les détails des tenues que portent chaque personnage à chaque rencontre, la plus petite tache de rousseur, la moindre mèche de cheveux défaite, et surtout, surtout (ça c’est moi), les articulations qui blanchissent quand, dans un accès nerveux, l’héroïne crispe ses mains. Sérieusement, dans la vraie vie des gens réels, QUI remarque un détail pareil? A moins d’avoir un garrot peut-être, et encore…
– Les clichés culturels… Alors là… Deirdre Martin qui voit Lyon comme une petite bourgade de province avec zéro vie culturelle. Nora Roberts qui nous explique que les Stanislaski ont quitté l’Ukraine dans une charrette tirée par des bœufs. Loretta Chase qui nous décrit l’Égypte comme peuplée d’individus serviles et sans éducation. Et d’une façon plus générale, les russes qui ne boivent que de la vodka, les irlandaises qui sont rousses avec un fichu caractère, les français qui sont lâches, les italiens qui sont des séducteurs impénitents, les mexicains qui sont ouvriers ou jardiniers, et la liste pourrait être encore bien longue…
– Les erreurs de traduction, quand les auteurs veulent faire parler les personnages dans une langue étrangère, et font des fautes inadmissibles. Du genre « mon petite chéri » en français… Des fautes faciles à voir avec un minimum de connaissance de la langue! La dernière en date, une auteur que j’aime pourtant, Eloisa James, mettant des fautes de français dans la bouche de sa Marquise française (déjà, elle l’a appelée la Marquise de Bernaise – moi ça m’évoque furieusement la béarnaise, pas très glamour pour une Marquise!). C’est d’autant plus impardonnable qu’Eloisa a vécu plusieurs années en France, et on ne me fera pas croire qu’elle n’a trouvé personne à qui demander ce renseignement!
– Les 27 rebondissements coincés dans les 15 dernières pages du livre. Exemple type : SFALO! Toute cette tension, toutes ces questions, tous ces problèmes à régler, c’est bien ennuyeux, mais au lieu de se creuser la tête pour une explication plausible et de prendre le temps de développer une trame qui s’étire sur tout le livre, l’auteur nous donne un coup de baguette magique à la fin. C’est que, tous ces détails inutiles donnés précédemment, cela remplit beaucoup de pages, il ne reste plus de place pour l’histoire elle-même vous comprenez!
– Et en parlant de rebondissement, un de mes préférés, c’est le Grand Malentendu… Si, vous savez bien, celui qui fait que nos héros se détestent et qui pourrait être dissipé par une simple conversation. Mais là encore, vous n’avez rien suivi, d’abord on ne tombe pas amoureux en se parlant, et ensuite, nos héros sont bien trop occupés à se rouler dans la paille pour avoir du temps à perdre dans des choses aussi triviales. D’où le coup de baguette magique à la fin, Je t’aime et tout est réglé!
– L’héroïne TSTL. Alors là, c’est intraduisible! Too Stupid To Live : trop bête pour avoir le droit de vivre, en toute simplicité… Je crois que tout est dit. La fille TSTL c’est celle qui, dans un film de série Z, sort de sa maison en nuisette pour enquêter sur des bruits mystérieux en pleine nuit, armée d’une louche et d’une lampe torche, alors qu’elle SAIT qu’un serial-killer erre dans la ville. Youhou, je suis là, venez me tuer! Par contre, attention, la TSTL n’a pas besoin d’un homme pour la sauver, elle est forte et indépendante. Sauf que zut, elle vient justement de se prendre un coup sur la tête, et se réveille le lendemain ligotée dans une cave. Bon, bah tant pis, il n’y a plus qu’a attendre que le héros vienne à sa rescousse! Enfin, quand il sera là, elle trouvera quand même le moyen de lui dire qu’elle avait la situation parfaitement en main, question de fierté.
– L’héroïne physiquement par-faite! J’ai déjà parlé des ses problèmes de poids, sérieusement, vous n’imaginez pas à quel point c’est difficile d’être grande, mince avec des petits seins, surtout de nos jours! La pauvre chérie… Mais l’imagination des auteurs ne s’arrête pas là. Ma préférence personnelle va aux yeux de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Notamment violet, doré, ou fauve… Couleurs que nous avons bien sûr tous déjà rencontré. Par contre, c’était chez des aliens!
– Un prénom à coucher dehors (Lady V. me parlait l’autre jour des Bedwyn de Mary Balogh, avec ses Alleyne, Wulfric et autres Gervase dont elle ne se remettait pas), en particulier si la prononciation est mystérieuse… Certes, le prénom n’est pas toujours révélateur de la qualité du roman, comme Wulfric nous en fait la démonstration, mais un simple Nick fait aussi très bien l’affaire, merci!
– L’absence de personnages secondaires ou les amitiés instantanées. Celles qui ont lu La trilogie des clés de Nora Roberts (décidément reine du cliché, heureusement qu’elle produit beaucoup pour compenser) savent de quoi je parle. Trois héroïnes qui se rencontrent et deviennent amies inséparables en 3 jours, et bien évidemment aucune n’a le moindre passé, pas la plus petite copine de lycée ou vague connaissance de l’université qui traine dans le paysage. Pas de parents, pas de frères ou sœurs, à peine une voisine ou une vieille tante de temps en temps… A croire que nos héros naissent tous de la cuisse de Jupiter!
Voilà une liste conséquente, et je suis sûre qu’en y réfléchissant bien, je pourrais trouver d’autres pet-peeves… Alors, me direz-vous, pourquoi continuer à lire de la romance? Eh bien d’abord parce que l’on trouve ce genre de problèmes dans tous les genres de la littérature, romance ou pas, un mauvais livre sera toujours mauvais, et que même avec un ou plusieurs de ces traits potentiellement si agaçants, une belle histoire, bien écrite par un auteur de talent, fera toujours un bon livre et une belle romance!