Je ne sais pas ce qui m’a pris de vouloir lire ce livre.
Peut-être parce que les quelques New adult lus récemment ont été des succès, ou parce que je n’aime pas me faire trop vite un avis sur une nouvelle tendance (encore que je peux vous dire que pour le moment ce n’est guère concluant, je suis une créature d’habitudes finalement).
Tout cela pour dire, je voulais découvrir Abbi Glines dont j’avais souvent entendu parler, et j’ai passé des heures sur goodreads à éplucher les résumés, dans l’espoir d’en trouve un qui me plairait. Déjà, une majorité me promettait un triangle amoureux, éliminé d’office !
J’ai fini par porter mon dévolu sur Breathe qui paraissait prometteur, avec une star dans le paysage (j’aime les stars dans mon paysage).
Et donc… Sadie est une pauvre petite malheureuse pas orpheline mais elle pourrait aussi bien l’être vu qu’elle a son irresponsable de mère a charge. Et quand je dis irresponsable, je veux dire qu’elle ne sait pas faire la cuisine, se balade en sous-vêtements sous le nez des voisins, qu’elle est enceinte de 7 mois d’un coup d’un soir (alors que pourtant, sa fille de 17 ans faisait bien attention de se priver de gouter pour lui acheter des préservatifs, vraiment, preuve que l’on ne peut pas compter sur elle), et dès le premier jour des vacances d’été de ladite fille chérie, elle s’étale sur le canapé, la clim à fond (on s’en fiche bien de savoir qui paye, surtout que c’est Sadie qui tient les cordons de la bourse), et gémit qu’elle est E-PUI-SEE, et que fifille « si tu m’aimes vraiment » va pouvoir prendre son travail épuisant de femme de ménage dans une grande demeure du coin.
Parce que Sadie et sa maman si merveilleuse ont emménagé récemment en Alabama, quittant leur Tennessee natal pour un nouveau départ. Lequel a priori n’implique rien de nouveau sauf la perspective d’une bouche de plus à nourrir pour notre héroïne.
Sadie est fantastique de toute façon, vous le saurez très vite. Elle est fantastique parce que elle, elle est responsable, elle change même régulièrement leurs économies de place pour que sa mère ne gaspille pas tout en pédicures (avec ce gros ventre de femme enceinte elle n’arrive plus à se peindre les orteils elle-même). Elle est fantastique parce que, même si elle est subliiiiiimeeeee de beauté étincelante (comme sa maman), elle a une personnalité ennuyeuse. Oui, parfaitement. Et ça, eh bien ça rend moche en fait. Enfin c’est ce que Sadie croit puisque en fait, elle est subliiiiiiimeeeee et tout le monde s’en rend compte sauf elle. Et sa mère.
Elle est tellement subliiiiimeeeee qu’elle ne porte que des vêtements achetés en dépôt-vente, qui tombent toujours parfaitement et sont presque à la mode (de l’an dernier, le drame fashion, non mais vous imaginez avec quoi cette pauvre petite doit vivre ??). Et au cas où vous risqueriez de l’oublier, on vous le répètera à chaque fois que Sadie s’habille. Souvent donc. Ou que sa mère (enceinte de 7 mois) lui pique ses fringues. Tout aussi souvent. Parfaitement. L’ado bombasse-mais-qui-ne-le-sait-pas et sa mère qui a soi-disant un ventre tel qu’elle ne peut pas se pencher pour mettre ses chaussures. Je suis la seule à voir un problème dans la logique de l’auteur ?
Mais rassurez-vous, les complexes de Sadie nous donneront l’occasion d’assister à de merveilleuses conversations du type « non mais je ne suis pas moche, mais comme ma personnalité est nulle, ben en fait je ne suis pas jolie non plus » « Sadie, mais tu es aveugle ? Ta personnalité c’est justement ce qu’il y a de mieux chez toi » « ah bon ? Tu crois ? » « tu es merveilleuse, j’espère que tu garderas toujours cette innocence ».
Ben oui chéri, elle a 17 ans et toi 20, je pense que tu peux en toute objectivité taper sur le fait qu’elle est innocente et va le rester toute sa vie.
Mais. Quelle. Dinde.
Sadie n’est pas seulement une dinde (devant laquelle tout le monde s’extasie) (reine de la basse-cour), c’est un véritable paillasson. Ou une lavette. Ou une serpillère. Ou n’importe quel truc dépourvu de colonne vertébrale vraiment… Quelle que soit la situation, elle prend tout avec philosophie, elle n’a pas une once de rébellion en elle, pas de volonté, pas de colère. Non Monsieur, Sadie est phi-lo-so-phe. Elle sait que c’est comme ça, que sa mère est un cas désespéré, et que c’est plus simple de faire ce qu’on lui dit. Mais ça, en fait, c’est un signe de maturité. C’est Sadie qui le dit. Elle est plus mature que les jeunes de son âge. Attends, dans sa tête, elle a au moins 20 ans, facile. J’aime bien l’héroïne qui se trouve nulle mais quand même se sent bien supérieure au commun des mortels parce que elle, elle est mature. J’aime la logique. (j’ai une furieuse envie d’écrire tout cet article en lettres capitales tellement je suis scandalisée) (J’espère que vous appréciez mes efforts à leur juste valeur)
Sur la supplication de sa mère donc (il fait trop chaud pour que je travaille mais toi tu es une bonne fille et tu peux crever de chaud), Sadie se présente donc à son travail, et là, normal, on accepte de la prendre pour remplacer la femme enceinte. L’ado de 17 ans, normal. Sans sourciller. Enfin si pardon, elle a une journée d’essai. Et évidemment, elle fait la conquête de tout le personnel en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. A part, ça, personnalité pourrie. Oui oui… Et quand je vois la quantité de travail à abattre, je suis admirative qu’une femme qui ne pense qu’à bronzer en bikini sur son balcon n’ait jamais pu en faire autant. (En passant, on aurait pu la prévenir pour les taches de grossesse ou on admet qu’il n’y a absolument aucun réalisme là-dedans ?) (On l’oblige d’ailleurs à éplucher des crevettes, beurk non mais quelle horreur, une fille du Tennessee ça n’aime pas les fruits de mer) (Et c’est important que Sadie n’oublie pas ses origines)
Et c’est là que les choses deviennent intéressantes… En fait, la demeure appartient à Jax Stone, la super méga star, l’idole des jeunes, le One direction du rock and roll. Oui, donc, quelqu’un d’aussi éloigné de Sadie que possible. Pas de panique, il est très jeune, il a connu un succès foudroyant à 15 ans, et en a 19 (ou 20 je ne me souviens pas). Presque convenable pour arranger un petit couple. Jax se méfie un peu au début, c’est normal, une ado dans la maison, cela doit être un fan hystérique. Mais une micro-conversation de 10 secondes plus tard, en fait non, il est convaincu que Sadie est exceptionnelle puisqu’elle n’est pas intéressée par lui. Il est aussitôt fasciné.
Sauf qu’il y a Marcus, qui est un brave gars du coin travaillant lui aussi dans la maison pour l’été (mais à part ça, la politique maison ce n’est pas d’ados pour éviter que Jax soit envahi de fans – on ne saura jamais ce qu’a fait Marcus pour bénéficier d’une dispense) et qui aime bien Sadie aussi. Triangle amoureux ? Mais c’est une manie chez l’auteur on dirait !!! Je serre les dents, passons.
Notre subliiiiiiiiimeeee héroïne ne s’était jamais rendu compte qu’elle était jolie et la voilà avec deux gars sur les bras. Bon je ne vous fais pas un dessin, vous aussi vous auriez choisi le plus riche non ? Surtout qu’il lui chante du Bon Jovi sur sa guitare, et qu’il lui tient la main, et qu’il se lève pour prendre le petit déjeuner avec elle le matin quand elle arrive au travail (à 7h30, l’horreur quand c’est l’été franchement), et qu’il offre des places pour ses concerts aux petites filles croisées dans la rue.
Ah oui et aussi, Sadie porte un uniforme de soubrette sexy noir et blanc (comment ça ce n’est pas supposé être sexy mais juste professionnel – personne n’a donc prévenu l’auteur ?), et tout le personnel de la maison appelle Jax « Master Jax ». Maitre. Enfin, ne vous y méprenez pas, Jax vient là pour se détendre et passer un été en toute intimité (et simplicité) (c’est pour cela qu’à table, il y a un service à l’assiette avec une personne pour porter chaque assiette) (et notre héroïne fait le service remarquablement bien) (la simplicité je vous dis)…
Autre merveille des merveilles, depuis 4 ans que la star vient passer ses étés dans la région, personne n’a jamais rien deviné. Le secret est si bien gardé que les locaux ne savent rien de sa présence dans leur petite bourgade. Tant de loyauté de la part du petit personnel, il doit vraiment bien les payer. Ou pas. Quand il croise des petites filles qui le reconnaissent dans la rue, c’est très civilisé, elles ne hurlent pas et elles acceptent sans problème de se taire aussi. (rue où il se balade incognito par la magie d’une paire de lunettes de soleil qui permettent en fait de mieux y voir même à la nuit tombée alors comme ça personne ne trouvera suspect qu’il ne les retire jamais – je suis perplexifiée, cela existe, ces lunettes??!)
Après des semaines de tourments (deux semaines et trois conversations donc), Jax décide qu’il ne peut pas vivre sans Sadie, qu’elle est son « air ». Aaahhh mais je comprends mieux le titre alors ! Sans elle il ne peut pas respirer. Oh que c’est beau. Rappelez-moi, ce gars est supposé écrire les paroles de ses propres chansons et être un génie c’est bien ça ? Bon, ben on n’est pas sortis de l’auberge…
Mais voilà, elle hésite, elle l’aime passionnément (ca va vite à cet âge…) certes, pourtant le star-système, cela la fait un peu flipper. Surtout que les journaux disent qu’il sort avec une autre star, et que Marcus a l’air de penser que c’est vrai. Les ragots et le type qui vient de se prendre un râteau, il n’y a pas de sources plus fiables, c’est sur…
Et puis Jax fait privatiser une salle de cinéma rien que pour eux deux (dans la ville) (mais personne ne se doute toujours qu’il est là) (vous parlez d’un secret bien gardé, où sont les paparazzis quand on a besoin d’eux, hein ?), et elle fond. Il a aussi ramené 47 kilos de nourriture en tout genre, parce qu’il ne savait pas ce qu’elle aimait. Moi je suis surprise que la parfaite Sadie, si responsable, mature (on nous le répète toutes les trois pages) et économe, ne sourcille pas devant un tel gaspillage. Enfin, ils s’embrassent, c’est un festival de feu d’artifices, c’est sublime et incroyable, une expérience presque surnaturelle, Jax lui dit qu’elle a un gout extraordinaire, il en perd ses mots, puis il l’embrasse de nouveau puis il arrête parce qu’elle est trop tentante, et ils finissent de regarder le film sagement.
C’est l’homme de sa vie, c’est certain, mais à la fin de l’été, elle sait déjà qu’elle aura le cœur brisé quand il va la quitter. Sauf qu’il l’invite à une première de film. Oh mon Dieu, il s’agit de faire son coming-out au public ? Est-ce que cela veut dire qu’il veut quelque chose de plus durable ? Et rencontrer tous ces gens qui ne sont pas du même monde ??! Mais non Sadie ne t’inquiète pas, tu n’auras besoin de parler à personne, juste à moi. Viens je t’en prie ma chérie, j’ai besoin de mon air pour survivre, tu es tellement merveilleuse et unique et je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme toi, en plus tu es émue par le fait que je sois gentil avec les enfants, et ça, cela ne m’était jamais arrivé.
Oui donc, excusez-moi, je fais une overdose de sucre, un petit malaise et je reviens. Déjà que je lisais en diagonale, mais là, les haut-le-cœur se font trop forts, j’abandonne…
Lecteur chéri, je n’en suis qu’à la moitié du livre et je rends les armes. Tous les clichés possibles et imaginables sont dans ce livre. Tous. Jusqu’à l’héroïne super fière qui travaille pour le héros mais qui est prête à lâcher son job rémunérateur pour un autre tout pourri, juste par éthique (à part qu’elle n’a pas un radis, mais vivre d’amour et d’eau fraiche n’est peut-être pas un mythe en fait ?). Je ne connaitrais jamais la fin sans doute tragique (un couple aussi gnangnan cela ne peut être que tragique) de Sadie et Jax. Qui vivront heureux et auront beaucoup d’enfants. Mais pas trop vite, parce qu’on est aux Etats-Unis et qu’ils ne sont pas mariés encore, Sadie est mineure, c’est compliqué. (Ceci dit, sa mère pourrait bien la vendre pour trois séances de massages – encore mieux que trois chameaux)
Vous l’aurez compris, je ne recommande pas la lecture de Breathe. Pour une fois, cela devrait faire plaisir à certains… J’espère au moins vous avoir fait rire de mon malheur, les conseils, ce sera pour la semaine prochaine !
Bon vendredi,
Chi-Chi
En lisant ton résumé, je me rends compte que j'ai lu le 2ème de cette série sur Marcus. Ne me demande pas ce que j'en ai pensé, je n'en ai aucun souvenir. Ton article m'a bien fait rire!Bérengère
OMG !!!Au moins, tu m'auras fait rire !En revanche, maintenant c'est terrible car je dois absolument connaître la fin…
C'est complètement absurde…Je suis effarée mais que font les éditrices? Elles se poulent les rousses? Non elles se roussent les poules? enfin bref tu m'as comprise ;)
J'ai bien fait de ne lire la chronique ce matin!j'ai bien pouffé… et mes yeux roulent encore dans leurs orbites à la mention de la mère qui rentre dans les fringues de sa fille MAIS ne peut plus faire sa pédicure… je me gausse!et puis les taches de grossesse… mwouahaha quoi!je me demande d'ailleurs comment elle a fait pour n'avoir qu'UNE seule fille avant l'accident d'il y a 7 mois…Et puis Sadie… tu me vend du reve… Je crois que je vais décreter qu'il n'y a que Garwood pour me vendre une héroine stoique/gourdasse/j'ai sniffé des paillettes once too many times ^^PS: tu savais que la mère me ferait monter au plafond hein?PS2: tu me raconterais la fin (que tu as, je suis sure, été lire en douce, just in case)
Marcus est pourtant un des rares personnages pas compltement débile du livre! ;)
Attends, je te la raconte la fin : la mere a son bébé et fait une dépression post-partum, Sadie s'épuise tellement à tout gérer qu'elle tombe de vélo et passe une semaine dans le coma, Jax prend les choses en main, ils décident de rester ensemble mais comme elle est en terminale, et ben il lui fait un trop mega belle preuve d'amour en se pointant au bal de Noel et en officialisant leur relation… The end en parfait accord avec le reste! ;)
:D quelque chose du genre surement!
^_^ Je sentais que le destin tragique de la femme enceinte allait te parler! Et moi aussi je m'emerveille qu'il n'y ait pas eu plus d'accident que ça, faut croire qu'il n'y a que dans les historiques que cela marche à tous les coups? Pour la fin, cf le commentaire de Julia, c'est émouvant comme tout…
Argh ! Mais en quoi c'est du New Adult et pas du YA tout court ? Le coup de l'ado quelconque *mais* plus mature que tous les autres m'a fait penser à Bella, de Twilight (et pas que ça, d'ailleurs). Peut-être parce que Sadie est justement si mature, elle est déjà au niveau supérieur "New Adult"…C'est un courant qui m'intéresse à priori, parce que je pense sincèrement qu'il y a de quoi faire, justement entre les ados qui ne savent pas encore ce qu'ils vont faire de leur vie et les adultes bien installés dans la leur, mais paradoxalement, je n'en ai toujours pas lu. Et ce ne sera donc pas avec Breathe que je vais commencer… LOL
Oh, merci !!! Tu m'épargnes des nuits sans trouver le sommeil ;-)Effectivement, c'est raccord avec le reste :')
Et le bébé devient quoi? est ce que la mère le garde ou est ce que Sadie joue à la maman et va s'installer chez Jax pour elever le mini pouce?
Sadie s'installe dans la grande demeure de Jax pour avoir l'aide des domestiques en attendant que maman soit rétablie…
Je pense qu'ils le classent en NA plus que YA parce que lui a quitté l'école, mais je trouve la classification limite. Pour moi le NA, les deux héros doivent avoir passé la vingtaine et commencer a prendre des décisions sur leur futur, comme tu le dis, et ici ce n'est pas vraiment le cas! Je peux te citer qq NA que j'ai nettement plus aimé que celui-là, si jamais tu veux découvrir, mais en effet, pas Abbi Glines! ;)
HO ma pauvrette ! Dur ce genre de lecture ! J'espère que tu avais autre chose de mieux à te mettre sous la dent après un tel supplice !
Mieux mais rien de transcendant pour le moment hélas…