Everything I know about love…

(Réédition du 03/11/11)

Eveything I know about love I learned from romance novels… Le nouveau livre de Sarah Wendell, du site Smart bitches, trashy books

Le titre m’attirait. Après, pour ce qui était du sujet… j’étais plus incertaine, mais je ne recule devant rien pour vous et j’ai donc attaqué la lecture de cet ouvrage. Une fois n’est pas coutume, je vous traduit la 4ème de couverture :

« Prenez un superbe héros avec un cœur d’or et un merveilleux mulet. Ajoutez une héroïne avec une crinoline et de l’énergie à revendre. Mettez-y aussi assez de complications pour les obliger à se battre, tout en les laissant seule, possiblement sans quelques éléments clés de leur garde-robe, et qu’obtenez-vous ? Une romance. Mais encore ? Des enseignements sur la vie, l’amour, et tout ce qui se trouve entre pour vous aider à reconnaître votre propre happy-end.

Des enseignements comme…
– La romance veut dire croire que vous méritez un happy-end
– Apprendre à différencier le prince du crapaud
– La romance au quotidien est plus vivante que jamais
– Quels que soient vos problèmes, au moins vous n’avez pas été kidnappés par un Duc écossais (enfin probablement pas) »

Si Beyond Heaving bosoms s’attachait à expliquer ce qu’est la romance, ses clichés et ses codes, Everything I know about love s’adresse bien plus résolument aux lectrices assidues qui connaissent déjà le genre… ou qui ont lu son livre précédent !

En s’appuyant sur les témoignages de nombreuses lectrices, et les conversations qu’elle a pu avoir avec plusieurs auteurs, parmi lesquelles Nora Roberts, Jennifer Crusie, Debbie Macomber, Eloisa James, Robyn Carr, et j’en passe, Sarah s’efforce de démontrer qu’au-delà des clichés et du héros sexy, les romances sont pleines de sens pas si cachés que ça, et qu’il y a bien des leçons à en tirer.

Là encore, c’est en prenant à contre-pied les clichés colportés par les détracteurs du genre que Sarah développe son argumentation. La romance mettrait dans la tête de ses lecteurs (oui, 10% des lecteurs sont des hommes) des attentes irréalistes sur ce que doit être une relation amoureuse… Pourtant, dans la vraie vie (en tout cas dans la mienne), les ducs ne courent pas les rues, épouser un prince a plus souvent à voir avec le protocole qu’avec l’amour et le libre-arbitre, tous ces talents sous la couette révèlent des années d’entraînement avec une autre que moi, et non, mon héros ne va pas cesser de regarder les autres femmes dès l’instant où ses yeux se poseront sur moi.

Il y a tout de même dans cette affirmation quelque chose qui résonne comme une conversation que j’ai souvent eu avec d’autres lectrices de romance. Tam-Tam, mais pas seulement. C’est vrai, la romance a fait une grande partie de mon éducation sentimentale.

Cette idée, Sarah l’exprime très bien. J’ai appris beaucoup de choses sur l’amour et les relations amoureuses en lisant des romances. Comment réagir si un jour je suis enlevée par un Duc écossais, bien sur, mais aussi des choses plus élémentaires, comme l’importance de communiquer et de ne pas rester à attendre le prince charmant dans une tour d’ivoire (littéralement). J’ai appris que ce qui me manquerait le plus si j’étais propulsée au Moyen-Age, ce serait ma brosse à dents. Et bien sur, je sais maintenant tout des techniques de combat à toute épreuve contre les vampires et créatures maléfiques de tout poil…

En lisant ce livre, j’ai été jalouse. Sarah parvient à exprimer très justement tout ce que je pense sur la question sans avoir jamais réussi à le dire de façon aussi clairement articulée.

Peu importe finalement. Car, aussi douée que soit Sarah pour mettre des mots sur tout ce que je pense, la leçon la plus importante à retenir, c’est que la romance procure un  sentiment particulier à ses lecteurs. Ce sentiment est caractérisé par un son particulier. Un espèce de petit soupir, un genre de frisson de plaisir caractéristique.

Ce son, chez moi, n’est pas lié à autre chose qu’à la romance. Un livre peut être extraordinaire, me bouleverser, me faire réfléchir, mais jamais susciter chez moi le sentiment d’une romance.

Tam-Tam, je sais que tu vois déjà de quoi je parle, je t’ai entendue à chaque fois que nous parlons d’un livre que nous aimons. Et vous, lecteurs ?

La lecture de ce livre a donc été très instructive, pour qui veut se pencher sur le genre « romance » et mieux comprendre son fonctionnement et la psychologie des lecteurs. On ne retrouve pas autant le ton drôle et acéré du premier ouvrage, mais la lecture reste un moment très agréable.

Tout ce que je sais sur l’amour je l’ai appris dans les romances ? Peut-être pas…

Mais beaucoup de choses, c’est certain, et Sarah l’exprime très bien !

Bonne lecture,

Chi-Chi

Beyond Heaving Bosoms


Réédition du 19/05/2011

Chers lecteurs,
Aujourd’hui c’est notre 100ème article!
C’est fou comme notre bébé a grandi vite, moins d’un an et déjà 100 posts… Et surtout, malgré les difficultés, Tam-Tam et moi-même avons réussi à tenir le rythme (valable surtout pour moi en ce moment…). Oui, 2 articles par semaine, on ne croirait pas comme ça, mais cela nous demande du temps et une sacré dose d’énergie, pour écrire des textes raisonnablement longs et cohérents, qui vous donneront envie (ou pas) de lire les mêmes choses que nous…Bref, je disais donc, le 100ème post, happy birthday to us!Et pour l’occasion, je voudrais vous présenter un livre d’un genre un peu particulier, un livre de Science de la Romance!

Si vous jetez un petit coup d’œil sur la colonne de gauche, dans nos liens, vous voyez que nous vous recommandons le blog « Smart bitches, trashy books ». Lien en anglais, j’en suis navrée, mais je n’ai jamais rien trouvé qui en soit l’équivalent en français, sauf notre blog bien sûr, en toute modestie! (et mauvaise foi…)

Sarah et Candy, les auteurs se décrivent comme des Smart bitches who love trashy books : littéralement, Les garces intelligentes qui aiment les livres nuls. En substance : on peut être intelligente et aimer sincèrement les livres que la société qualifie de nuls – aimer sincèrement veut dire que le « oui mais je lis ça pour me distraire, c’est facile » ne compte pas. Aimer vraiment veut dire que l’on reconnaît des réelles qualités au livre, en dehors de sa prétendue légèreté, et que l’on ne s’arrête pas au cliché. Et aimer, alors même que l’on est une personne raisonnablement intelligente (comme si les personnes intelligentes ne devaient lire QUE Kant et Balzac – ce qui ne veut pas dire que nous ne lisons pas les deux, seulement pas que cela) (et surtout, peu importe car ce n’est pas ce cela dont il est question ici).

C’est exactement dans cette définition que je me reconnais, et il me semble que je ne suis pas la seule.

Sarah et Candy ont donc entrepris, dans un essai hilarant, d’expliquer aux néophytes, ce qu’est la romance, la vraie, quand on est une lectrice assidue qui connait bien sa matière.

Le titre du livre? Beyond heaving bosoms, ou « Derrières les gorges palpitantes ». Le ton est donné!

Ce chef d’œuvre n’a malheureusement pas été traduit… D’ailleurs, si un éditeur passe par là, je veux bien me porter volontaire, pas de souci!

En attendant, je me contenterai de vous traduire la 4ème de couverture :

« C’est quelque chose que nous faisons dans le noir. Sous les couvertures. Avec une lampe de poche. Nous portons des lunettes de soleil et une casquette enfoncée sur le crane en allant à la librairie. Nous avons un « endroit spécial » pour les stocker. Soyons honnêtes : peu de gens admettront publiquement qu’ils aiment la romance. Et pourtant, la romance continue d’être le genre de fiction qui se vend le mieux. Partout et en tous temps. Alors qu’est ce qui explique cette honte? »

Ce qui l’explique, ce sont justement les clichés, comme on en trouve dans tous les genre de la littérature… Sarah et Candy prennent le taureau par les cornes et nous dressent la liste de ces clichés, expliquant leurs origines, et leur réalité, le tout avec une plume acide et hilarante.

En vrac, dans ce livre, vous trouverez :
1) Un portrait-robot de la lectrice de romance, avec charentaises, permanente, sac banane et pull a motif 80’s. Vous l’aurez compris, la lectrice de romance est une ménagère de 50 ans tristounette qui vit par procuration, n’est pas très jolie ni très éduquée, collectionne les chats et lit des romances pour oublier l’ennui abyssal de sa vie. Comment ça, vous ne vous reconnaissez pas dans cette description? Mais que faites-vous ici alors??!2) Un lexique des termes de la romance.
– Ex : Rake (râteau) : 1. Instrument de jardinage muni d’une traverse à dents de bois ou de métal et d’un manche. 2. Espèce particulièrement attractive de mâle aux mœurs légères ; les scientifiques estiment que les rakes présentent des qualités antibactériennes hors du commun puisqu’ils peuvent copuler avec tout et n’importe quoi pourvu de deux jambes sans jamais être touchés par une MST.
– Ex 2 : Loup-garou : Seule créature ayant du poil sur les épaules qui soit présentée comme sexuellement viable dans une romance. (pourtant j’ai lu récemment un livre avec un Yéti-garou… encore plus poilu que le loup, j’en suis restée sans voix)3) La description de ce qui fait une héroïne typique, chacune dans sa catégorie : TSTL, Sauvageonne pourrie-gâtée historiquement non-crédible, Paillasson, Colombe blessée et/ou abimée,… Descriptions assorties des 10 commandements de l’héroïne. Le commandement numéro 9 est mon préféré : Tu n’auras jamais le dernier mot sur le héros concernant les choses essentielles. Quelques victoires mineures te seront accordées mais toutes les décisions importantes lui appartiennent car Il Est Grand. (oui, parfaitement. Na.)

4) Les mérites et autres vertus de la virginité chez l’héroïne (ou pas) – 10 raisons plausibles pour l’existence d’une veuve vierge. Du genre : c’était un soldat qui a du prendre la mer pour rejoindre son régiment tout de suite après la cérémonie, et dans l’excitation du départ, a oublié de consommer le mariage. Car ce n’est pas comme si un jeune soldat sur le point de partir à la guerre allait penser au sexe, ou quelque chose du genre.

5) Les héros préférés de Sarah et Candy – et les 3 choses les plus tordues qu’un héros a pu faire et quand même être pardonné par l’héroïne (kidnapping, mariage forcé, viol… Héros charmant moi je dis… Ne prenez pas peur, ces héros sont heureusement devenus très rares dans la romance!) – le guide pour créer un héros parfait (couleurs des yeux et des cheveux, nom, métiers acceptables – attention aux pièges : médecin, oui, proctologue, non, en aucun cas !)

6) Tous les clichés que nous aimons quand même – Ex : Le Pirate : le pirate n’est jamais sale ou malade. C’est un fier marin au poil brillant, la mèche coiffée par l’air du grand large, toujours en quête d’aventures. Certes, un criminel, mais il a sauvé notre donzelle en détresse, laquelle se tourmente à l’idée d’aimer un homme aussi immoral. Le pirate a tué le frère de l’héroïne dans une bataille parfaitement équitable, mais il l’a aussi sauvé d’un sort terrible aux mains d’un autre pirate. Autre pirate qui est tout aussi immoral que le héros, mais comme lui appartient à une guilde qui n’a pas la même sécurité sociale, il a les dents pourries, un œil en verre et une jambe de bois. Cela n’arriverait jamais à notre héros!

7) Une étude très poussée sur la qualité et le pourquoi du comment des couvertures de romance. Tam-Tam en a parlé, Candy et Sarah l’ont théorisé… Une bonne couverture s’identifie par un certain nombre de critères :
– Un héros tordu dans une position anatomiquement impossible,
– Une palette de couleur allant du fuchsia au vert citron en passant par le bleu ciel, le parme, le bordeaux et le jaune fluo,
– Une héroïne penchée comme si il lui manquait quelques vertèbres, la tête inclinée comme celle d’une poupée désarticulée. Nos auteurs tirent d’ailleurs de cette étude l’idée que les vertèbres du corps humain peuvent se tordre si facilement que trois héroïnes ensembles peuvent faire une tresse de leurs colonnes vertébrales (aouch)…
– Un, si ce n’est deux mulets (oui, un pour le héros et un pour l’héroïne),
– Une chevelure si luxuriante qu’elle pourrait servir de couverture à nos héros et aux 27 enfants qu’ils vont avoir ensembles,
– Le couple disparaît dans les flammes d’un soleil couchant,
– Le héros à la chemise déboutonnée mais toujours bien rentrée dans son pantalon (enfin pantalon… collant?),
– Un symbole phallique perdu dans le décor (épée, tour, sabre,arbre, mat de bateau, arme sous une forme quelconque…),
– Un cheval se cabrant, une prairie, des fleurs à des endroits incongrus, un cygne ou autre animal s’agitant à l’arrière-plan…

Pour plus d’informations (et un grand moment de rigolade), recherchez le tag « Covers gone wild » sur leur blog!!!
Je crois que maintenant, vous avez une assez bonne idée du ton de ce livre, chers lecteurs! Sur ces sages paroles, je crois qu’il est temps de m’arrêter car je pourrais encore remplir des dizaines de pages avec la prose hilarante de nos auteurs!La grande force de ce livre, ce sera donc de parler de la romance, son histoire, son évolution, ses genres et sous-genres, ses héros, ses clichés bien sûr, mais aussi tous les arguments en faveur du genre (avec des propositions de réponses aux questions les plus fréquentes – du genre : mais pourquoi lis-tu un truc pareil, alors que tu es intelligente?… no comment!).En bref, un livre très drôle à lire – même si je déplore que, en raison de la quantité importante d’argot utilisée, il ne soit pas facilement accessible aux gens ayant un niveau d’anglais moyen…

Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à lire quelques passages du livre ou à fouiller sur leur blog pour y lire un des articles qui ont inspiré Beyond Heaving Bosoms!

 

Bonne lecture,
Chi-Chi