Il devrait exister un mot pour décrire cette sensation qui nous fait dire à la fin d’une lecture: « J’ai aimé le livre mais… », ou « Ce livre est trop bien mais… », ou encore « Très bon livre, mais… ». Ces phrases marchent parfaitement avec un « cependant », j’ai néanmoins la sensation que je suis plus prône à utiliser le mot « mais » quand je suis sous l’effet de l’émotion.
Mais revenons à notre livre, The Will de Kristen Ashley, qui bien entendu rentre dans la catégorie des livres « Génial, mais… » (il fallait bien un lien), et mettons nous dans le contexte:
Josephine Malone n’a jamais pu compter toute sa vie que sur sa grand-mère (comprendre, dans sa famille, il y a du fruit bien pourri), et la nécéssité a fait que notre héroine a appris à cacher ses émotions et à garder les autres à distance, histoire de ne pas se laisser dépasser. Cela ne l’a pas empêché de réussir sa vie et de devenir un gourou de la mode (j’imagine d’ailleurs que l’aura d’inaccessibilité a du participer à son succès, mais je m’égare). Mais voilà que sa grand-mère décède, et avec elle disparait l’ancrage que Josephine avait à ses racines (je suis d’une profondeur philosophique aujourd’hui).
Au moment de la lecture du testament (the will en anglais, ceci expliquant le titre), quelle n’est pas la surprise de Josephine en découvrant que sa grand-mère l’a leguée à Jake Spear. Leguée, elle, la personne, toute entière, corps et esprit, le tout enrobée dans de magnifiques tenues tendances…
Et de Jake, elle ne sait rien. Mais elle découvre qu’elle n’était pas la seule a aimer profondément sa grand-mère et alors qu’elle parcourait le monde de séances photos en expositions, Jake Spear et ses trois enfants avaient eux aussi trouvé en Lydia une grand-mère providentielle.
Alors comment lui refuser son dernier souhait. Bien entendu, ils ont tout deux conscience qu’on ne peut « léguer » une femme en héritage, mais par respect et amour pour la défunte, ils décident d’apprendre à se connaitre pour essayer de comprendre ce qui a pu motiver Lydia à inclure une telle modalité dans son testament….
Un pitch de folie hein? Et l’histoire est carrément bien menée, pas de ralentissements, de la matière et un travail de construction des personnages exemplaire, le tout enrobé dans une histoire fort agréable….. MAIS!
Arrrffff!!! Ce langage!!!!! Jake, c’est le fils caché d’un charretier et d’une poissonnière! Une horreur!
Alors oui, c’est un ancien boxeur. Oui, il est tout a fait admissible (et même parfois drôle) de lire des dialogues avec une bonne dose d’argot et de familiarité. On a l’impression d’assister à un match de ping-pong verbal. Oui, il n’est nul besoin de parler comme la Reine d’Angleterre pour que je sois satisfaite (j’ai même une bonne tolérance pour ce genre de chose). Et oui, un écart entre la très comme il faut, la très guindée et presque hautaine Joséphine et le fort mais un peu rustre Jake, c’est un délice rien que d’y penser. Mais arrrrggggggggg il y a un moment où mon seuil de tolérance pour les grossièretés a été franchi, et je suis au regret de dire que je l’ai franchi suffisamment tôt pour que cela me gâche une partie de mon plaisir.
Je veux dire, Jake n’est pas juste « limite » grossier, il est grossier à toutes les phrases, quelles que soient les circonstances: à l’épicerie, chez l’avocat, au restaurant, sous le coup de la colère ou quand il est d’un calme olympien, en balade, au travail, dans la cuisine avec ses 3 enfants, en tête à tête avec Josephine, le jour de l’enterrement, au téléphone, avec le principal du lycée, le maire, le barman, le postier, le jardinier, ses employés… TOUT LE TEMPS!!!!
Et ça, j’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de mal à trouver ça crédible. Qu’on soit à l’aise dans son langage argotique et ses vulgarités, oui. Mais qu’on en arrive au point où on n’a plus de filtres qui permettent de différencier les moment où il faut être un minimum correct, juste, non.
Il met des F**** partout.
Et cerise sur le gâteau, pour une héroine qui nous est présentée comme hyper guidée, voire complètement coincée dans son langage et son attitude (mécanisme de protection et de distanciation), Joséphine ne semble pratiquement pas tiquer au nombre de grossièreté par phrases. Alors oui, elle doit protester une fois ou deux à cause des enfants. Mais elle s’adresse à l’enfant, pas à Jake. Je vous laisse imaginer ce que j’ai pu lever les yeux au ciel et grogner de douleur!
Après debrief avec Chi-Chi, j’ai appris que Kristen était connue pour cela et qu’elle utilisait du langage hyper familier dans ses romances parce qu’elle même en utilisait.
Du coup j’ai une question pour elle: Are you F*****ing kidding me?????????
Tam-Tam
Ha oui mais non ! C’est justement quelque chose qui va me hérisser le poil à moi aussi !
Pourtant promis, j’ai pas un seuil de tolérance trop intransigeant… mais arrrggg
Ca ne me plaît pas non plus. Parfois cela peut être drôle, comme Sid, l’héroine de « Up to the Challenge » de Terri Osburn, qui est mécanique et tient tête aux hommes dans un monde masculin, mais son langage est délibérément vulgaire par moments, sans que cela soit excessif. Il s’agit d’ailleurs d’un roman assez comique.
J’adore la fin de ta chronique…
héhé! Pas sure que l’auteur apprécie si un jour elle passe par là par contre. Mais j’ai vraiment eu du mal!
Ah le fameux « mais » qui nous laisse un petit gout amer à la fin de la lecture d’un livre « presque » génial. ..
mais sinon le vocabulaire, je te comprends. Un peu oui mais à la longue au secours (et le fait que l’héroïne le supporte encore plus au secours ….)
Alors mon grand questionnement interieur c’est « comment un traducteur se dépatouillerait il avec ca? »
parce que je suis pas sure que certains trucs passent en français…