A groom of one’s own

(Réédition du 13/10/10)
L’autre jour, Lady V. est venue chez moi, prendre sa dose mensuelle de romances, et elle me disait qu’elle avait été déçue par certains livres que je lui avais conseillés. Qu’elle les avaient aimés, mais qu’ils n’étaient pas tous du même niveau que SEP ou les Kleypas. Forcément, puisque pour l’appâter au début, je lui avait prêté les meilleurs livres de ma bibliothèque. En comparaison, le reste peut paraître un peu plus terne, un peu plus cliché… Alors sa question était, comment choisir des livres en étant sûre qu’ils seront bons? Eh bien c’est impossible…

Évidemment, il y a des choses à éviter : les auteurs que l’on a détesté, les genres ou périodes qui ne nous plaisent pas, les éditeurs qui annoncent la couleur avec certaines collections thématiques, et bien sur, les copines qui vous conseillent ou déconseillent. Tam-Tam m’est très utile pour cela, comme nous avons beaucoup de goûts similaires, elle prend des risques et tente de nouveaux auteurs, moi aussi, et au final, nous échangeons nos recommandations. La prochaine étape pour Lady V., c’est celle-là : il faut oser, et ne pas se limiter à ses valeurs sûres!

Mon dernier auteur inconnu, c’est Maya Rodale, et le livre, « A groom of one’s own ». Un livre plutôt sympathique au demeurant, mais affligé de quelques défauts flagrants qui m’ont vraiment dérangé…

Replaçons les choses dans leur contexte : Nous sommes en 1822, Miss Sophie Harlow a été abandonnée par son fiancé le jour de son mariage. A mi-chemin de l’allée centrale de l’église, son bouquet de fleurs entre les mains, pour être précise. Et pour une autre femme rencontrée deux semaines plus tôt. A la suite de cet événement fâcheux, Sophie est partie vivre à Londres avec sa meilleure amie, une jeune veuve.

1er élément gênant : une jeune fille de bonne famille qui quitte ses parents et son village pour aller vivre (pas juste en visite hein, vraiment déménager) à la capitale avec sa meilleure amie, laquelle est certes veuve, mais a à peine plus de 20 ans! Surtout après un scandale pareil, je n’y crois pas.

Quand notre histoire débute, Sophie vit donc à Londres depuis 1 an, et comme son amie ne roule pas sur l’or, elle a décidé de devenir journaliste. Hum…

2ème élément gênant : une jeune fille de bonne famille qui devient journaliste, au vu et au su de tous, sous son vrai nom? Quand on sait comme il était mal vu à l’époque pour qui que ce soit de travailler, on a du mal a imaginer que Sophie soit encore invitée aux soirées… Mais heureusement, elle écrit des chroniques sur les mariages de l’aristocratie, l’honneur est sauf.

Un jour, dans la rue, Sophie manque de se faire écraser par une calèche et un fringuant jeune homme la sauve. Ils sympathisent tout de suite, se présentent et font un bout de chemin ensembles.

3ème élément gênant : une jeune fille de bonne famille ne se présente pas spontanément à un homme, c’est tout à fait inconvenant.

Ils n’échangent cependant que leurs prénoms, puis se disent au revoir. Quelques jours plus tard, Sophie est invitée par la femme du Duc de Richmond à rédiger une série de chroniques sur les préparatifs du mariage de leur fille au Duc de Hamilton et Brandon. Lequel doit avoir lieu trois semaines plus tard. Et elle découvre alors que le jeune homme en question n’est autre que le fiancé! Tout en vous épargnant les multiples péripéties par lesquelles nos héros passeront avant d’être enfin ensembles, je ne peux m’empêcher de partager avec vous quelques autres exemples de ces perles anachroniques et/ou simplement incongrues qui parsèment l’histoire :

  •     Lorsque le Duc se rend à sa salle d’escrime, en fin de paragraphe, sorti de nulle part, l’auteur juge bon de préciser que le maître d’arme est le seul homme dans tout le pays à pouvoir se mesurer au Duc. Donc, non seulement le Duc est le meilleur du pays (c’est bien connu, l’Angleterre est un pays très peu peuplé, et des tournois sont organisés fréquemment pour déterminer le tenant du titre – un genre de championnat avant l’heure) mais en plus, la phrase est tournée de telle façon que c’est le maître d’arme qui se hisse à la hauteur du Duc, et pas le contraire!
  •     Lors d’un mariage auquel assistent nos héros (et la moitié de la bonne société londonienne), Sophie, encore assez traumatisée par sa propre expérience de la chose, quitte l’église en plein milieu de la messe. Pour une journaliste chargée d’écrire une chronique, ce n’est déjà pas très professionnel, mais en plus, le Duc la suit, et pour la réconforter, la prend dans ses bras! Là encore, toutes les personnes présentes dans l’église voient le Duc suivre Sophie dehors, ce qui est proprement scandaleux.
  •     Durant une réunion de préparation du mariage, en présence des fiancés et de leurs mères respectives, Sophie et le Duc plaisantent et se taquinent, et, utilisant le langage des fleurs, s’envoient des messages codés. Et la bienséance, quelqu’un en a entendu parler? La décence de ne pas faire des choses pareilles devant la fiancée??! Non? Non…
  •     Sophie espère bien sur que le Duc va rompre ses fiançailles. Elle ne comprend pas comment il pourrait épouser sa fiancée alors qu’il est amoureux d’elle. Elle le confronte sur le sujet à plusieurs reprises. Et quand une de ses amies lui fait remarquer qu’elle va briser un couple et faire subir à la fiancée ce qu’elle a subi elle-même, Sophie se justifie en disant qu’il y a entre eux un amour qui les dépassent et que de simples questions d’ordre pratique ne devraient pas entrer en ligne de compte. Argh! ARGH!!!

En fait, ce qui m’a profondément gênée dans cette histoire, c’est combien Sophie est sans-gêne. Elle ne s’embarrasse pas des conventions de son époque, elle agit comme si tout lui était permis, et qu’aucune limite ne devait s’appliquer à elle. Même aujourd’hui, la décence la plus élémentaire empêche normalement de poursuivre de ses assiduités le fiancé d’une autre, et Sophie a une attitude très cavalière. Elle ne cesse de rechercher la compagnie du Duc (lequel tente de mettre entre eux une distance de sûreté), et à aucune moment elle n’essaye de contrôler ses sentiments pour lui alors qu’elle sait dès leur 2ème rencontre qu’il est fiancé, alors qu’ils sont si peu discrets qu’un scandale les entoure, alors qu’elle risque de perdre son emploi (dont on nous répète plus d’une fois qu’elle en a désespérément besoin), alors qu’il est fiancé!!! A sa décharge, la fiancée est elle-même éperdument amoureuse d’un prince qui ne demande qu’à l’épouser, ce n’est pas comme si elle restait en carafe à subir le flirt éhonté de nos protagonistes… Mais tout de même… Le Duc est un personnage plus nuancé, il est sincèrement partagé entre son amour pour Sophie et son sens du devoir, et, surtout, il fait preuve de bien plus de retenue, et dans ses sentiments, et dans ses mots, et dans ses actes!

En un mot, tout ceci contribue à gâcher le plaisir du lecteur qui perd patience face à Sophie. Et c’est fort dommage car l’histoire est mignonne, les personnages secondaires agréables, et globalement, ce n’est pas un mauvais livre, plutôt drôle, relativement bien écrit.

Mais c’est un de ces livres qui me font d’autant plus apprécier la qualité de certains auteurs, et comprendre pourquoi Lady V. ou d’autres sont réticentes à en tester de nouveaux. Allons, il faut oser, n’oublions pas que c’est en prenant des risques que j’ai découvert Kristan Higgins, ou que Tam-Tam a découvert Sarah McLean…

Comme quoi, parfois, le risque paye! Et vous, quels sont vos dernières tentatives couronnées de succès?

Chi-Chi

8 réflexions sur “A groom of one’s own

  1. Effectivement, il est très difficile de trouver des livres qui enthousiasment autant que les perles de kleypas ou JQ…
    Je tente parfois aussi de nouveaux auteurs avec plus ou moins de bonheur :)
    Heureusement qu’on peut également compter sur les bons conseils des unes et des autres !

    Répondre
    • C’est tout l’avantage du reseau, et internet aide bien je dois dire! :)

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  2. Bonjour,
    Il fait froid, gris, pluie, et je viens prendre ma dose de force rose ici…
    Mes coups de cœur remontent à loin… c’est pour ça, que je n’achète plus d’A&P. Je suis toujours très déçue… Je ne lis pas les autres collections.
    Mon commentaire est plombant, je suis désolée…
    A bientôt !

    Répondre
    • Mais non ce n’est pas plombant! J’espère que tu as trouvé quelque chose de bien doudou pour te réconforter en tout cas! Tu as des envies particulières? Je suis sure qu’on peut trouver de la force rose à te passer! :)

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      • A me conseiller ? Dites-moi les filles… en ce moment, dans les nouveautés, qu’est-ce qui pourrait me plaire ? Je parle de romance historique.
        Si vous ne voyez pas pour l’instant, ce n’est pas grave ! mais dès que vous avez une pépite, sonnez les cloches !
        J’ai lu « Le flambeur » qui n’était pas mal, mais j’ai été déçue de la suite. Trop ceci, pas assez de cela… c’est que je deviens difficile ! J’arrive à penser que les meilleurs, ce sont les vieux livres !!!
        Bonne semaine…

      • En VF? Tessa Dare c’est pas mal, mais la tendance en historique maintenant, c’est quand meme d’en faire des tonnes, il faut bien l’avouer…

  3. En bref, j’ai l’impression que l’auteur avait envie d’écrire un contemporain, c’est ça? Un peu à l’opposé des contemps de Mme Kleypas, où on sent qu’elle aurait préféré écrire un historique…

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