La demi-pensionnaire

(Réédition du 31/10/11)

A l’origine, je pensais vous faire aujourd’hui un post sur la suite de ma saga James Bondienne sous Napoléon. Et puis, un truc tout bête, j’ai fait moins de kilomètres en voiture cette semaine et du coup, j’ai optimisé mes trajets de train en m’avançant dans mon travail professionnel (une princesse professionnelle est une princesse responsable). Bilan de la manœuvre : je n’ai pas fini l’écoute de The seduction of the Crimson Rose…. arrrggggggh….

Du coup, aujourd’hui, c’est chronique vintage avec un livre lu il y a pile 10 ans. Je le sais, c’est inscrit à l’intérieur (je vous promets, c’est une manie créatrice de sourires)!

Ce roman a tout pour plaire à tout le monde.

– A votre banquier d’abord, puisque La demi-pensionnaire se trouvera sans doute dans les rayons de votre bibliothèque.

– A votre capital temps, puisque 200 petites pages, c’est à peine plus qu’un Harlequin ! (mais en tellement mieux)

– A votre âme francophone : Didier Van Cauwelaert, est comme son nom ne l’indique pas, français. C’est suffisamment rare pour être souligné.

– A votre cœur de midinette, puisqu’il s’agit d’un coup de foudre…

Dans toutes les belles histoires de coup de foudre, il y a le moment où le héros tombe amoureux, et le moment où son amour est testé. La particularité de La demi-pensionnaire est que le coup de foudre à lieu à l’entrée, et le test fatidique au dessert… littéralement.

Je vous perds ? Pas de panique, je vous explique…

La demi pensionnaire, c’est donc l’histoire de Thomas, qui lors d’un déjeuner, tombe amoureux d’Hélène au premier regard. Sauf que Thomas est un gentleman, et ce n’est pas avant le dessert qu’il réalise que cette dernière est bloquée dans un fauteuil roulant puisque, jusque là, il était plongé dans ses grands yeux…

Elle est « demi-pensionnaire », mais pas figée au sol, ni amorphe dans sa propre vie. C’est d’ailleurs la force de ce livre. Absolument pas tourné vers le pathos, ni vers la colère qui semble parfois bien légitime pourtant devant l’adversité. C’est une bouffée d’optimisme et d’humour que nous crée ici l’auteur.

Tout n’est pas non plus tourné vers cette héroïne qui sort de l’ordinaire. Thomas est un être complexe, qui se dévoile au fil des pages. A l’époque de sa lecture, ce livre m’a donné de l’énergie, de l’envie de déplacer les montagnes. Oui, il y a dix ans, je donnais dans le cliché Harlequin…

Et puis il s’agit d’un coup de foudre donc, argument principal pour certain, mais qui reste un élément qui me fait grincer des dents. Ou peut être est-ce un petit reste de cynisme qui fait que je suis de celles qui disent « on ne me la fait pas à moi »… Car un coup de foudre, c’est :

– trois fois plus de travail pour l’auteur pour me convaincre.
– trois fois plus de risque de tomber dans la catégorie des couples que je ne saurais voir
– trois fois plus de pentes glissant vers le cliché Harlequin qui ne passe qu’avec du champagne
– mais trois fois plus de chance de se montrer inoubliable s’il est manié avec talent

Histoire complexe, où l’on se plonge dans une réflexion sur le sens de la vie, ce qu’on en attends… et où Hélène et Thomas nous montrent que parfois, les miracles ne sont pas nécessaires pour voir la vie du bon côté.

Didier à tout bon, la demi-pensionnaire a pris pension chez moi depuis 2001…

Bonne lecture,
Tam-Tam

Une odeur de gingembre

Réédition du 11/07/2014

Une odeur de gingembre est un livre qui m’a été offert pour mon anniversaire par ma petite cousine. Ce qui pour moi, est déjà en soi un gage certain de qualité. Car ma cousine est brillante et extrêmement intelligente ; elle lit et comprends des ouvrages qui ne seront jamais à ma portée. Elle est étudiante à l’ENS quoi…
J’avais donc déjà un apriori plutôt positif.Dans un deuxième temps, j’ai été séduite par la couverture. Oui, le marketing fonctionne sur moi et je suis très sensible au packaging : une peinture d’une femme en kimono fleuri se promenant avec une ombrelle sous le soleil… Un appel au voyage…
Je retourne donc le livre et m’empresse de lire le résumé. Il n’y a plus de doute possible : ce roman va me plaire.Avant d’aller plus loin dans la présentation, je vais mettre un énorme « WARNING » rouge clignotant.Mesdames, Mesdemoiselles, ceci n’est pas un livre « sweet  and cute » où les Petits Poneys vivent en paix et harmonie avec les Petits Malins et invitent les Bisounours à prendre le thé. Non.
Mary Mackenzie, l’« héroïne », ne vit pas dans un monde rose à paillette.

Ceux qui veulent une histoire façon Amélie Poulain peuvent donc arrêter la lecture ici…

Attention, SPOILERS!  
L’histoire de Mary Mackenzie se passe au début du 20ème siècle (plus précisément débute le 9 janvier 1903).
Mary a tout juste 20 ans, est écossaise et embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard (un attaché militaire britannique qu’elle a rencontré en Ecosse mais qu’elle connait très peu au final). Au travers de son journal et de lettres, elle raconte son long voyage en bateau en compagnie d’un chaperon qu’elle supporte difficilement,  son arrivée en Chine et la vie avec un homme qu’elle ne connait pas et dont elle s’aperçoit qu’il n’est pas aussi « bien » qu’elle le croyait…
A Pékin, Mary est seule. Richard est souvent en mission pendant plusieurs jours –voire plusieurs mois  – elle ne parle pas chinois et n’arrive pas à communiquer avec ses domestiques et se sent donc inutile dans cette maison qu’elle n’a pas choisi et qui n’est pas à son goût. La vie avec les autres femmes de militaires ne l’intéresse pas plus que ça et elle a dû mal à s’intégrer. D’autant plus que Mary est intelligente et fait preuve d’une curiosité d’esprit rapidement désapprouvée par la communauté européenne. Cette partie est vraiment résumée parce que le roman est riche et on m’a dit d’écrire une ou deux pages…
Délaissée par Richard, Mary part en vacances (dans un monastère quelque part en Chine) avec sa seule amie, Marie de Chamonpierre, et le mari de cette dernière, premier secrétaire de la légation française.
Et là, c’est le drame… (petite musique angoissante en fond sonore)
Au milieu de toute cette nature, Mary ne rencontre pas le Petit Prince des collines mais, Kentaro (le prénom est assez sexy d’ailleurs je trouve) un officier Japonais qu’elle a eu l’occasion de rencontrer quelques fois lors de diners.
Et Mary tombe amoureuse de Kentaro et commet l’irréparable… Cette petite aventure extra conjugale aurait pu rester leur petit secret à eux et aux Chamonpierre (ben oui parce qu’ils ne sont pas bêtes les Chamonpierre. Ils ont bien compris le petit manège de Mary qui part toute la journée on ne sait pas trop où alors que le seul voisin à proximité, et ben c’est Kentaro… Un homme + une femme =… Ils ont vite fait le calcul le couple français… )
Bref le problème c’est que Mary tombe enceinte. Et là pour faire passer la pilule à Richard ça va être compliqué parce que :1-Richard est en mission depuis plusieurs mois au fin fond de la Chine ; donc Mary n’a pas pu être très intime avec lui…2-Mettons que Richard soit revenu une fois en coup de vent à Pékin quelques jours parce que Mary lui manquait trop et qu’il y ait eu des rapprochements un peu charnels, je vous rappelle juste pour mémoire que Kentaro  n’est pas blond et n’a pas les yeux bleus…

Donc pour résumer la situation, Mary est un peu dans une sale situation…

Forcément Richard l’apprend –enfin façon de parler. Richard rentre de mission et découvre Mary et son ventre proéminent. Il est gentil mais pas con… Donc vite fait bien fait il vire Mary de la maison sans lui laisser le temps de dire au revoir à Jane, sa petite fille d’un an et lui paye un billet de retour pour l’Ecosse.

Mais Mary ne va pas rentrer en Europe parce que Kentaro est un gentleman (enfin à ce stade de l’histoire c’est ce qu’on croit) et il va assumer ses responsabilités en bon Japonais qu’il est. Il fait chercher sa maitresse dans l’hôtel où elle attend avant de prendre le bateau et la fait venir au Japon. Là il l’installe dans une maison avec des domestiques et l’entretien. Elle se fait une raison quant à son statut de maîtresse mais se dit que de toute façon elle n’a rien à perdre vu qu’elle est déjà au bas de l’échelle sociale pour avoir couché avec un Japonais. Mary accouche ; elle est un peu sur un petit nuage et ne voit pas la catastrophe arriver. Son bébé, Tomo, lui est enlevé par Kentaro pour être donné à adopter. Petite explication : Tomo n’a pas l’air occidental et Kentaro appartient à une dynastie haut placée. L’idée est donc de donner son fils à adopter par une famille ayant déjà une fille. Le fils et la fille seront mariés ensemble et ainsi il y aura du sang Kurihama dans la famille. Youpi !

Donc quand elle comprend que c’est son amant qui a kidnappé son fils, Mary s’enfuit.Je vous laisse donc imaginer à quel point sa vie au Japon ne va pas être facile. C’est une femme occidentale dans un pays largement misogyne, au début du 20ème siècle…L’histoire ne vire pas au mélodrame. Mary est intelligente et courageuse. Elle va apprendre le japonais, trouver un emploi, et au final va s’avérer être une femme d’affaires brillante.

Ce roman est riche. J’aime que l’histoire de fond soit ancrée dans un contexte historique (la révolte des Boxers en Chine, la première et la seconde Guerre Mondiale). J’aime l’aspect féministe et donc moderne de l’histoire : Mary Mackenzie se prend en main et s’en sort toute seule. C’est une femme forte et moderne qui s’assume et se débrouille seule et ne craint pas le regard des autres.

Une odeur de gingembre n’est pas qu’un simple «  livre de filles », mais un livre qui traite avec finesse de la situation féminine au début du 20ème siècle et présente l’histoire d’une jeune femme qui va gagner son indépendance. Un peu comme un roman de Jane Austen avec une pointe d’exotisme.

Mais le mieux c’est de le lire et de se faire se propre opinion.

Arwen

Les enfants de la terre

Réédition du 27/06/2011

Pour les fidèles du blog, ce que je vais annoncer ne va sans doute pas chambouler votre journée, pour les autres, je vous invite à vous asseoir (on ne sait jamais, un accident est si vite arrivé) : Chi-Chi et moi avons des gouts différents en littérature.Le gros coming-out de la mort, je sais…Bon, je sens votre perplexité. Je vais donc moduler ma déclaration. Si nous aimons toutes les deux la romance, il est des livres que j’adore que Chi-Chi ne lira jamais. Et il est des livres qui m’ennuient profondément alors que Chi-Chi peut en parler des heures, usant à profusion d’hyperboles et métaphores aussi mystiques que grandioses.

L’exemple le plus flagrant est sans aucun doute la saga:

– Chi-Chi n’aime pas les sagas.
– J’adooooooore les sagas (et regarder passer les gens aussi).
J’aime m’attacher à un personnage formidable et le suivre. J’aime le voir enfant, le voir grandir, mûrir, souffrir un peu aussi, puis faire face aux choix que la vie impose. J’aime le voir se débattre avec ses sentiments, affronter l’adversité pour finalement triompher. Oui, parce que s’il y a bien une chose qui me fera lancer un livre à travers la pièce, c’est de voir qu’au bout de 6 ou 7 tomes, le héros est misérable dans sa propre vie et baisse les bras. J’aime les histoires où l’optimisme et la chance sont de rigueur. Un happy-end au bout de plusieurs milliers de pages n’est pas trop demander je pense. Surtout lorsque l’on considère que l’auteur a eu tout le loisir de placer sur le chemin du héros moult épreuves !Autre règle (quasi) obligatoire, chaque tome doit (dans la mesure du possible) finir bien. La fin en demi-teinte est tolérée, mais si on me fait crever le héros à 3 pages du mot Fin, il est probable que le bouquin fasse là encore un vol plané dans la pièce et que je n’achète jamais la suite. Imaginez donc « Le retour du Jedi » sans Luke mort à la suite de ses blessures, et sans Han Solo. Pourri!
J’ai aussi un peu de mal avec les fins «suspense». Genre, le héros est au bord d’une falaise, et pouf… Rendez vous au prochain épisode (mon analogie avec les série n’est pas fortuite, loin de là) !! Arrggggg, c’est d’un frustrant !Vous l’avez compris, une saga, c’est comme une série, un mélange qu’il faut doser avec soin. Mais lorsque le premier tome prend, je suis fidèle pour toute la vie. Je peux lire 11 tomes qui racontent l’histoire de la même héroïne, depuis son plus jeune âge, jusqu’à l’apparition de ses premières rides.D’ailleurs, puisqu’on parle d’héroïne, laissez moi vous présenter celle d’aujourd’hui, dont je suis les aventures depuis maintenant une dizaine d’années. Ayla est responsable de milliers d’heures passées dans des livres de géologie dans le but (vain) de devenir paléontologue/géologue, c’est dire !

Son auteur, Jean M. Auel, est de celles qui se documentent sans fin, ne sont pas avares de détails dans leurs écrits et savent les diluer dans une histoire si passionnante, que lorsqu’enfin le livre se referme, on pourrait presque passer un test sur l’époque historique abordée.

Les aventures d’Ayla se passe lors de la préhistoire. Cette saga, qui s’étale sur 6 tomes, a tenu en haleine de nombreux fans depuis la sortie du premier opus dans les années 80. Le dernier tome est sorti cette année, et autant vous dire que j’étais dans les starting-blocs , même si je ne fais pas partie des premiers addicts de cette histoire venue du confins des âges. C’est le genre d’histoire qui vous plonge dans un monde que l’on n’entraperçoit que dans les musées, entre deux silex et trois ossements.

Le génie de l’auteur fut ici de rendre compte d’une histoire complètement inventée, mais en se basant sur des faits archéologiques et anthropologiques si précis que le réalisme et la cohérence de l’histoire ont su accrocher même les plus grands spécialistes.

6 tomes. 6 tomes pour voir grandir la jeune Ayla, la voir perdre sa famille ; la voir être recueillie par le « clan de l’ours des cavernes », que nous connaissons tous sous le nom de Neanderthal.
La voir lutter pour être acceptée, puis finalement partir à la recherche des siens (Homo sapiens sapiens).
Pour plus de détails, s’en référer au tome 1 : Le clan de l’ours des cavernes.

6 tomes pour la voir rencontrer le magnifique, le beau, le majestueux, le fantastique, le merveilleux, le grandiose Jondalar (les allitérations sont de circonstances, je vous assure).
Rencontre développée à travers les pages du tome 2 : La vallée des chevaux. D’ailleurs, puisque l’on parle d’un de mes tomes fétiches, je tiens à vous préciser que si la rencontre semble évidente, l’auteur nous tient en haleine avec beaucoup de panache. J’ai toujours la sensation de pousser un petit soupir de soulagement quand enfin Ayla découvre Jondalar (en mauvaise posture certes, mais enfin)!
6 tomes pour la voir découvrir les plaisirs de l’amour, de l’amitié. La voir exercer sa curiosité pour tout savoir de ces êtres qui sont de sa race.
Acculturation évoquée dans le tome 3 : Les chasseurs de mammouths
6 tomes pour traverser l’Europe à pied, voir des paysages majestueux, une faune et une flore sans précédents, risquer sa vie pour son partenaire, craindre les éléments, les vaincre…
Tout cela bien entendu évoqué dans le tome 4 : Le grand voyage
6 tomes pour enfin arriver « à la maison », chez Jondalar. Découvrir une nouvelle culture, s’unir, fonder une famille. Se faire accepter, enfin.
Sédentarisation de la belle dans le tome 5 : Les refuges de pierres.
6 tomes pour plonger dans l’obscurité des grottes et découvrir la magnificence des peintures qui les ornent (le Périgord préhistorique, je le connais par cœur!), 6 tomes pour découvrir que l’homme de la préhistoire est un homme de l’esprit et que son monde ne s’arrête pas à ce qu’il y a de tangible.
Dernier lu, le tome 6 : Le pays des grottes sacrées, où l’on découvre le versant mystique de ceux qui furent nos ancêtres. Et c’est une fois encore Ayla qui sera notre guide.

Mais au delà du personnage charismatique qu’est celui d’Ayla, et du couple qu’elle forme avec son géant blond, il y a la découverte d’un mode de vie, d’une civilisation méconnue, de l’évolution de l’homme qui semble avoir été cristallisée par l’auteur en 6 tomes d’une qualité littéraire telle que je n’ai jamais reculé devant 25 pages de description pour une simple peinture rupestre.

Ne vous méprenez pas, lire une saga est une chose exigeante. On ne peut passer au tome 5 sans avoir lu les 4 premiers. Mais la récompense est parfois à la hauteur de la tache, et grâce au talent de Jean M. Auel, et à la destinée de son héroïne, je n’ai jamais eu à regretter d’avoir passé tant d’heures, le nez plongé dans un de ses livres.

Je n’ai plus qu’à vous inviter à en faire de même et à vous enjoindre à vous plonger à votre tour dans cette épopée mythique dans un passé datant de plusieurs milliers d’années.

Bonne lecture,
Tam-Tam

Jane Eyre

Réédition du 23/06/2011

Récemment, je parlais lecture avec ma mère. J’avais lu La solitude des nombres premiers. Elle avait lu Trois vies chinoises de Dai Sije. Et tandis qu’elle me disait combien elle avait trouvé cette histoire désespérante, je me suis retrouvée en train de lui expliquer pourquoi j’aimais tant la romance. Un livre qui vous envoie un message positif, que vous refermez avec l’idée que le monde est un endroit plus beau, que l’amour n’est pas vain, cela n’a pas de prix. Ma mère comprend ce point de vue, même si elle n’est pas elle-même une fan de romance, et après tout, c’est elle qui m’a mis entre les mains ces livres qui ont formé mon goût et mon caractère! A la même époque où je découvrais Le Mouron Rouge et Anne of Green Gables, toujours dans la bibliothèque familiale, se trouvait Jane Eyre. Longtemps je me suis méfié de ce livre, héritage d’un temps ancien où les couvertures n’avaient pas d’image! Reconnaissez que c’était suspect…

Aujourd’hui, Jane Eyre est pourtant une de mes références. Malgré les multiples adaptations en film (dont une version avec Charlotte Gainsbourg en 1996, et une nouvelle version est prévue le 7 septembre 2011, avec Mia Wasikowska dans le rôle-titre), c’est toujours vers le livre que je reviens.

Ce roman de Charlotte Brontë a été publié en 1847 en Angleterre. Le succès est immédiat, et le livre sera traduit en français dès 1854. Présenté comme l’autobiographie de la narratrice, l’histoire nous fait suivre la vie de Jane Eyre sur une quinzaine d’années.

Jane, orpheline de dix ans, est hébergée par une vague relation de famille, Mrs Reed. Cette dernière n’est pas du tout contente de la situation, elle considère Jane comme une gêne, la maltraite et la punit durement si elle ose se rebeller. Après un incident particulièrement violent, Mrs Reed décide de se débarrasser de Jane et l’envoie à Lowood, école pour jeunes filles « difficiles ». Les conditions de vie y sont extrêmement rudes, la discipline de fer pour corriger toutes des demoiselles de leurs « vices ». Et Jane restera huit ans à Lowood, huit ans durant lesquels elle survivra plus qu’elle ne vivra réellement, mais huit ans durant lesquels son caractère se forgera, autour d’une idée : être indépendante. Le jour où Jane quitte l’internat, ce sera pour devenir l’institutrice d’Adèle, pupille du mystérieux Mr Rochester, à Thornfield Hall.

J’hésite à vous en dire plus, car si vous n’avez pas encore lu ou vu Jane Eyre, je m’en voudrais de gâcher pour vous la découverte de la suite!

La relation entre Jane et Mr Rochester va bien sûr occuper une place centrale dans la suite de l’histoire, mais les personnages qui les entourent ont une importance fondamentale. Tout le roman se déroule dans une ambiance sombre, presque pesante, un secret plane sur Thornfield Hall, des rumeurs courent, et Jane, comme le lecteur, ne sait que croire. En lisant Jane Eyre, j’ai toujours l’impression d’entrer dans une bulle, un espace où le temps n’a pas de prise, dans des lieux noyés de brouillard et de froid. Dans cet univers évoluent des personnages qui sont à l’exact opposé de cette ambiance, Jane est ardente en dépit des apparences, Mr Rochester est passionné… La personnalité de Jane, discrète jusqu’à l’effacement, mais farouchement indépendante, est tout à fait hors du commun pour une femme de son époque. C’est pour moi une héroïne tout à fait extraordinaire, surtout parce qu’elle est féministe dans un monde où le concept même du féminisme était très mal vu, parce qu’elle s’est formée seule dans un environnement où rien ne l’y encourageait, parce qu’elle est incroyablement forte tout simplement.

Si les films se concentrent le plus souvent autour de l’histoire d’amour entre Jane et Mr Rochester, ce serait faire un raccourci que de croire que l’histoire ne se limite qu’à cela. Jane Eyre n’est pas seulement une histoire d’amour, c’est avant tout un roman d’initiation, une histoire de femme dans l’Angleterre victorienne, c’est surtout l’histoire de Jane qui refuse d’être une victime et de subir sa propre vie. De plus, Charlotte Brontë manie la plume avec art, son écriture est très poétique, marquée par les influences romantiques de l’époque, avec une nuance presque gothique par moments!

Je vous recommande donc la lecture de Jane Eyre, sans vous contenter des versions cinématographiques. Mais, si vraiment vous n’avez pas le temps, pour les fans, le lien audio-book!

Bonne lecture,
Chi-Chi

Corps et âme

Réédition du 13/06/2011

Il y a de cela quelques années, j’avais pris l’habitude d’inscrire en page de garde les dates, lieux et circonstances qui m’avaient poussés à acheter et lire un livre. Si c’était un cadeau, je marquais qui me l’offrait, etc.En choisissant ce livre pour ma chronique de ce lundi, j’ai pu redécouvrir avec joie mon auto-dédicace de l’époque :« Mai 2005 – Françoise lisait ce livre la veille de mon départ. Le résumé et la couverture m’ont plu. Je l’ai dévoré sur le ferry… Il faut dire qu’avec 18h de traversée, j’avais le temps ».

J’ai du relire ce livre au bas mot 10 fois depuis ce fameux voyage de 2005. Pourquoi ? Parce qu’au delà de la magnifique histoire que l’auteur raconte, Franck Conroy fait preuve d’un talent hors du commun pour peindre les émotions. Corps et âme fait parti des livres qui m’ont fait pleurer, et je vous ai déjà expliqué à quel point c’est un gage de magnificence.

Corps et âme, c’est l’histoire de Claude. Claude habite dans un appartement en sous-sol avec sa mère alcoolique. Il regarde les gens passer depuis le soupirail. La vie de Claude n’est pas tendre. Mais dans la pièce du fond, sous une pile de journaux datés, il y a un piano, objet inconnu qui l’intrigue et qui va lui ouvrir des portes dont il ne soupçonnait pas l’existence.
Car Claude a un talent. Un talent rare. Et de la chance… Ou peut-on vraiment parler de chance lorsque des crises alcooliques rythment les soirées de l’enfant ? La destinée, disons, voudra qu’il pousse la porte d’un magasin de musique, la tête pleine de questions, pour y rencontrer Monsieur Weisfeld.Ce livre retrace la vie de ce prodige. De son appétit de vivre, de ses doutes, de son apprentissage, de sa consécration.Mais ce n’est pas un conte de fées, loin de là. Claude va construire sa destinée. Il a un don, certes, mais il a aussi en lui une volonté d’avancer, une sensibilité qui le pousse à vouloir toucher la perfection. A se donner entièrement.

Je pourrais sans doute vous parler des heures de ce livre qui immanquablement me fait pleurer à la page 570, qui me berce à travers ses pages des mélodies des plus grands. Je pourrais vous dire qu’au delà de la musique, qui reste le grand amour de la vie de Claude, ce dernier va devoir aussi se construire une famille, des amis, pour l’accompagner lors de son périple. Car le talent n’est pas tout, c’est ce que l’on en fait qui fait tout la différence.

Le livre a tout pour lui !

– Le cadre de New York à la fin des années 40. Les rues à la vapeur sortant des bouches d’égout. Les automobiles, le tramway. La ségrégation, le travail qui manque, le retour des soldats…

– La musique qui rythme chacune des pages. Des compositeurs géniaux, une initiation à l’apprentissage pointu d’un monde d’harmonies. Lorsque l’on lit un polar, on a l’impression d’en apprendre plus sur la criminologie. Lorsque l’on lit une régence, on révise nos connaissances des usages de la cour d’Angleterre. En lisant ce livre, on embrasse la création musicale, les octaves, les arpèges. Claude rend les gammes pleines de sens. Les arpèges pleins de sentiments, et les accompagnements chargés de génie.
– Le héros, qui prouve à lui tout seul que les destins miraculeux sont possibles. On veut croire en la chance. On a envie de jouer au loto, on s’essuie le coin des yeux devant ses réussites. Notre cœur bat au même rythme que le sien.

L’histoire enfin, d’une destinée, d’un amour inconditionnel, d’un talent, de rencontres… Cette histoire d’exception qui à mon gout fini trop tôt. Le talent n’a pas assez d’une vie pour s’épanouir, et Franck Conroy a à peine le temps d’un livre pour ravir notre cœur avec son héros tout en nuances.

A lire, vraiment.

Tam-Tam

Booklist au soleil

Le Vendée Globe d'une princesse

Réédition du 11/04/2011
Ce weekend, la météo a été clémente sur le royaume. Il a fait si beau, que j’ai déserté le château pour profiter des rayons du soleil en terrasse, un Perrier-violette à la main.

Bilan, ma peau est légèrement rosée (merci le parasol), et je suis gravement en retard sur l’écriture de mon post hebdomadaire. C’est le souci avec la météo estivale, on a des envies de plage et de baignade. Et si  un livre est très aisément transportable dans le sac de plage, un ordinateur en plein soleil n’est pas une idée intelligente pour ces petites machines qui sont bien trop sensibles.

Du coup, je vous refais un remake des veilles d’examens. J’ai sorti tous mes livres, je potasse à fond en espérant être prête pour le lendemain.

A l’époque, lorsque la caféine conjuguée aux dragibus n’étaient plus suffisants pour me maintenir éveillée jusqu’au moment fatidique où le professeur me tendrait mon sujet, il me restait la perspective des vacances et des livres que j’allais emporter pour me porter jusqu’à la ligne d’arrivée.

Ah… que ne ferait-on pas pour quelques jours au soleil avec un bon livre… Aussi, en exclusivité pour vous aujourd’hui, une liste spécialement conçue pour des vacances au soleil.


En vacances nous voulons… de l’exotisme mâtiné de féminisme, avec Shalimar de Rebecca Ryman, qui retrace l’histoire d’Emma, héritière rebelle et sans le sou qui s’applique à suivre son propre code de conduite, même si ce dernier va à l’encontre des traditions perpétuées dans la colonie britannique de Delhi, en cette fin de XIXème siècle. Son chemin va croiser celui de Damien Granville, collectionneur de femmes qui décide, on ne sait pas bien pourquoi, qu’Emma est la femme faite pour lui. A travers un jeu politique de pouvoir autour d’un passage stratégique au cœur des montagnes himalayennes, c’est l’avenir de tout un continent qui semble se jouer sur cette histoire d’amour victorienne.

Dépaysement : 4/5

Suspense : 4/5


Nous voulons… du mystique sur un autre hémisphère, avec La dame Australie de Bernard Simonay. Dans cet immense continent, nous allons suivre Judith Lavallière, envoyée en exil dans une colonie pénitencière. Mais l’Australie, à cette époque, ce n’est pas le Club Med. Et ce sont bien des épreuves qui attendent la jeune fille. Exploitée par un alcoolique notoire, elle s’enfuie dans les profondeurs de l’outback, évite la mort de peu, est recueillie par des Aborigènes, retrouve la civilisation, participe à la ruée vers l’or, trouve l’amour, et affronte les démons de son passé. Entre le choc culturel, la beauté des paysages australiens et le charismatique Alan, Judith est la parfaite compagne de voyage pour les aventures chez les Aussies.

Dépaysement : 5/5

Suspense :4/5

(NB : Je tiens à vous rappeler que Hugh Jackman est Australien… Alan, Hugh, même combat !)


Nous voulons… la mélancolie des landes verdoyantes avec Les Dames à la licorne de René Barjavel et Olenka de Veer. Et c’est l’envoutante Griselda, benjamine de Sir John Green, qui nous ouvre son domaine. Elevée sur l’île de Saint Alban avec ses quatre sœurs, Griselda ne rêve que d’une chose, quitter son île aux falaises escarpées et vivre. Hugh est un chef rebelle en fuite, car l’Irlande est en ébullition, ses habitants aspirant à autre chose qu’à la domination anglaise et à un avenir fait de servitude. Hugh et Griselda, à leur manière, n’aspirent qu’à la même chose, la liberté. De leur rencontre va naitre une très belle histoire d’amour. Une histoire qui m’a été conseillée par ma mère, une veille de vacances, et qui, à l’époque, a fait naitre chez moi un amour sans borne pour la verte Erin…

Dépaysement : 4/5

Suspense : 3/5


Nous voulons… du mystère et des alligators, avec Une coupable idéale de Jude Deveraux. Ce sont Fiona et Paul qui nous emmènent pour une aventure dans le Bayou. Une véritable chasse au trésor où, en plus des méchants à combattre, des traitres à démasquer et des coffres remplis d’or à récupérer, il y aura une belle histoire d’amour comme Jude Deveraux sait nous les concocter. De l’humour, des personnages hauts en couleur et des Montgomery !

Dépaysement : 3/5

Suspense : 4/5


Pour ma part, pour les vacances, je souhaite… des fresques murales d’animaux courants dans la plaine, avec la suite des aventures d’Ayla et Jondalar dans Le pays des grottes sacrées de Jean M. Auel. Les cinq premiers tomes de cette sagas font parties des « must absolutly have » de ma bibliothèques. Découverts pendant des vacances en famille, je me suis retrouvée à lire à voix haute dans la voiture familiale l’équivalent des 1600 pages que représentent les 2 premiers tomes et demi. Je me revois encore lisant le 5ème livre, un weekend de 1er mai, confortablement installée sur une chaise en terrasse de mon café préféré à Poitiers…

Qui sait où je lirai cet opus, mais je m’attacherai à lui trouver un lieu à la hauteur de la place exceptionnelle que cette série tient dans mon cœur, et ne manquerai pas de vous en relater les moindres détails !

En attendant, vous avez tout ce qu’il vous faut pour vous aussi, tenir, avant les vacances tant attendues ! Et pour les petits chanceux qui sont déjà installés sur leur chaise longue, ne manquez pas de nous faire part de vos découvertes littéraires !

Bonne lecture,

Tam-Tam

La petite Fadette


Réédition du 07/04/2011
Allons, cela fait longtemps que je ne vous ai pas ennuyé avec un de ces livres qui ont marqué mon adolescence.Chez moi, la littérature est érigée à un rang quasi-religieux, et nous étions priés de ne pas négliger les classiques. A la même époque où je découvrais Le Mouron Rouge, tandis que mon père essayait (sans succès) de me vanter les mérites de Balzac avec Eugénie Grandet et de Madame de La Fayette avec La Princesse de Clèves, ma mère faisait preuve de plus de psychologie en me mettant Georges Sand entre les mains.
Amantine Aurore Lucile Dupin, Baronne Dudevant, aussi appelée « La Dame de Nohant », est l’une des grandes figures de la littérature française du 19ème siècle. Et parmi ses œuvres, trois se trouvaient dans la bibliothèque familiale : La Mare au Diable, La Petite Fadette et François le Champi. Portés par une plume remarquable, ces livres de Georges Sand m’ont tenue occupé au moins une semaine en vacances… Ils sont fidèles au courant romantique de l’époque, on y retrouve les éléments clés de la nature, une pointe de surnaturel qui anime l’histoire, et bien sur, des personnages nobles, malgré leur statut social.Si je n’ai pas beaucoup de souvenirs de François le Champi, j’ai une pensée émue pour La Mare au Diable, où un veuf et une jeune fille s’éprennent l’un de l’autre. Mais aujourd’hui, c’est de La Petite Fadette que je veux vous parler, tout simplement car j’ai volé l’exemplaire familial pour l’avoir sur la main dans mon château!

Ce livre a contribué à éveiller ma fibre romantique et mon amour pour les héroïnes fortes qui surmontent les difficultés qu’elles rencontrent et prennent leur vie en main. Fadette est certainement l’un des plus beaux personnages de littérature que j’ai eu l’occasion de rencontrer, complexe, très fine psychologiquement et résolument sûre d’elle.

Françoise Fadet, dite La Fadette, la Petite Fadette, le Grelet ou encore Fanchon. Vous voyez que ce ne sont pas les surnoms qui lui manquent!

Fadette qui est presque encore une enfant, à peine une adolescente, toujours mal fagotée, trop maigre, la peau trop sombre, et que toute la région pense sorcière à cause de ses manières un peu étranges et à cause du caractère plus étrange encore de sa grand-mère, la guérisseuse locale.

Fadette qui, en dépit des apparences, souffre d’être ainsi considérée mais qui, par fierté, n’en montre jamais rien et cultive, avec un peu de perversité, sa réputation.

Le soir où Fadette rencontre Landry, l’un des fils de la famille Barbeau, notre histoire peut commencer. Les Barbeau sont des fermiers plutôt aisés de la région, et ces deux là se connaissent sans vraiment se connaître. Mais ce soir-là, Landry est à la recherche de son frère jumeau, Sylvain, qui a disparu, et Fadette ne peut s’empêcher de le narguer, lui disant qu’elle, elle sait où se cache Sylvain.

Souvenez-vous de ce que je vous ai dit sur la perversité avec laquelle Fadette entretien sa réputation. Ce n’est pas une décision arbitraire qu’elle prend, mais une revanche envers ceux qui la méprisent sans la connaître. Et Landry est de ceux-là. Aussi, elle n’accepte de l’aider qu’à la condition qu’il lui promette de lui donner ce qu’elle veut, le moment venu.

Trop inquiet pour son frère, Landry accepte ce marché, tout en espérant secrètement que Fadette oubliera cette promesse et qu’il ne sera pas obligé de la tenir. Ce qui ne sera bien évidemment pas le cas, mais je n’en dirais pas plus, pour vous laisser le plaisir de découvrir vous-même cette histoire magnifique, et les évènements qui vont marquer l’évolution de la relation qui se noue entre Landry et Fadette…

Bien sur, puisque je parle de ce livre ici, vous pouvez vous douter qu’il y aura une histoire d’amour, quelque part en cours de route. Mais avant d’en arriver là, nos héros apprendront à se connaître, et le chemin qui va les mener l’un vers l’autre ne sera pas simple!

Georges Sand nous parle bien sûr de la vie dans les campagnes françaises au 19ème siècle, du poids des convenances sur la vie de chacun, de la différence sociale, mais aussi de la dignité humaine, de l’importance de toujours rester honnête envers soi-même, tout cela avec des personnages et dans un contexte que la bonne société de l’époque considérait comme frustre et sans intérêt.

A ceux qui reprochent à la romance de ne jamais présenter que des personnages aisés ou qui le deviendraient par magie au cours de l’histoire, vivant dans un monde enchanté et idéalisé, ce livre est une réponse que je leur fait…
Bien au-delà d’une histoire d’amour, La Petite Fadette est une fresque sociale magistralement menée par une auteur de grand talent, et c’est un livre que je recommande à tous, amateurs de romance ou pas!
Bonne lecture,
Chi-Chi
PS : Petite faveur pour Tam-Tam, Pirouette, et tous les autres fans qui passent par là, le lien audiobook!
PSS : J’ai entendu dire qu’il y avait un film, mais je ne sais pas du tout ce qu’il vaut. Quelqu’un a un conseil à partager avec moi?

la Contre-bookliste

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Réédition du 14/04/2011

Ces dernières semaines ont été riches en déceptions littéraires… Pas un seul livre enthousiasmant à me mettre sous la dent, vous imaginez l’état de désespoir qui est le mien à l’heure où j’écris ces lignes.

Mais puisque Tam-Tam vous a fait lundi une booklist spéciale vacances, et qu’il faut bien à mon tour que je partage l’état de mes lectures avec vous, je vais rester dans le ton et faire une contre-booklist avec les livres qui m’ont déçue ces derniers temps, des livres que je vous recommanderais d’éviter…

Pas ce soir, je dine avec mon père, Marion Ruggieri : les états d’âme d’une jeune femme qui ne peut pas grandir car son père refuse de vieillir, qui se choisit un homme plus vieux pour tenter de trouver ce père donc. Il y avait le début d’une réflexion sur ce conflit de générations, une idée intéressante. Et puis rien. Le néant. Des états d’âme à n’en plus finir, une narratrice qui subit dans les détails la vie sexuelle de son père, semble se révolter et vouloir enfin évoluer, et puis non finalement, retour à la case départ. Des pages pour rien, le vide.

When Harry met Molly, Kieran Kramer : le livre sur lequel je faisais des recherches le jour où j’ai découvert le film Mrs Miracle! Eh bien, à ma grande déception, il n’a pas tenu ses promesses. Pourtant Julia Quinn en disait du bien… Re-déception. En toute honnêteté, ce livre n’est pas mauvais. Mais trop approximatif, un peu bâclé, les ressorts de l’histoire sont trop gros, la trame parfaitement ridicule, le héros  pas du tout héroïque et l’héroïne complètement anachronique! Rien de crédible ici, dans le même esprit qu’avec A groom of one’s own, il y a eu des moments agréables, mais une impression globalement négative…

Le caveau de famille, Katarina Mazetti : autant j’avais aimé Le mec de la tombe d’à coté, dont ce livre est la suite, autant Le caveau de famille m’a ennuyée. Benny et Désirée veulent faire un enfant, mais ils ne veulent pas avoir à décider d’être ensembles. Ils ne prendront donc une décision que si elle tombe enceinte. Ce qui arrive. Incapables de prendre la moindre décision, il se morfond, elle s’enferme dans le silence. Rien ici ne m’a évoqué l’humour mordant du premier volet, et les personnages m’ont semblé désespérément agaçants. Une vraie déception…

La solitude des nombres premiers, Paolo Giordano : voilà un livre qui m’a carrément mise en colère! Ce livre prétend parler du lien indestructible qui unit Alice et Mattia, depuis leur adolescence tourmentée, puis au long de leur vie adulte. Mais en fait de lien, il n’y a rien, que la complaisance de ces deux personnages qui s’enferment dans la conviction que leur souffrance dépasse celle de tous les autres. Si cette attitude se comprend chez des adolescents, elle est horripilante chez des adultes. Alice, l’anorexique qui se coupe du monde suite à une blessure qui la laisse boiteuse, et n’a jamais réglé son Œdipe, m’a paru affreusement égoïste et puérile. Mattia, au QI trop élevé, qui se sent responsable de la mort de sa sœur jumelle et s’auto-mutile pour se punir, est déjà bien plus cohérent. Mais peu importe, car si au début, leur douleur est poignante, j’ai fini par les détester, tant leur souffrance semblait n’être plus qu’un artifice pour préserver leur sentiment d’être spéciaux, hors du monde, tant leur relation me paraissait dépourvue de sens. Les personnages n’évoluent pas, restent coincés dans le rôle qu’ils se sont définis des années plus tôt, et cela peu importe les influences extérieures. Sans jamais faire le moindre effort pour en sortir, tous deux se tournent autour sans vraiment s’approcher, s’éloignent au gré de leurs caprices ou par fatalité, et se perdent. L’auteur parsème son récit de quelques miettes d’espoir, pour mieux les écraser aussitôt, ouvre des pistes pour ne jamais les explorer, et dévore ses personnages avec un fatalisme morbide. Au-delà de l’aspect désespéré de l’histoire, je n’ai pas cru une seconde que cette relation était possible ou cohérente. Et en refermant ce livre, je n’avais qu’une question : Pourquoi??!

Espérons que cette mauvaise passe ne dure pas car, si ma PAL déborde, dès que je commence un nouveau livre, il me tombe des mains… Et je ne peux pas en parler car je ne parle que des livres que j’ai fini… Mais l’heure devient grave, je n’aurais bientôt plus de livre en réserve dont je voudrais vous parler, et alors, j’en serais réduite à me filmer en train de faire des claquettes pour que vous ne passiez pas ici pour rien les jeudis! Avouez que ce serait triste…

Bonne semaine,

Chi-Chi

Le réseau Corneille


(Réédtion du 21/03/2011)

Les histoires policières, d’espionnage, de suspense, de crimes en tout genre ne sont pas la tasse de thé de Chi-Chi qui le reconnaît fort volontiers.
De mon côté, sans être une fan invétérée au courant de toutes les dernières sorties, c’est un genre que j’aime revisiter de temps à autre.
J’ai mes auteurs fétiches. J’ai mes sous-genres fétiches et Ken Follet pourrait être une sous-catégorie à lui tout seul.
Ces derniers temps, je suis un peu en retard sur la lecture de ses 2 derniers écrits qui attendent patiemment sur mes étagères, mais je dois avoir dans mes rayons l’intégrale de ses écrits.J’aime son travail. En VO et en VF. J’aime la manière dont il mène une histoire. J’aime comme il se sert de plusieurs fils rouges pour nous mener à sa conclusion. J’aime les zones grises si chères à cet auteur. Il y a les gentils, les méchants et les « à définir ». Et j’aime cette épreuve que va représenter le livre pour les héros.Un héros chez Ken Follet va toujours un peu souffrir. Mais c’est pour son bien. C’est un peu comme la désinfection d’une blessure qui brûlerait le temps de l’application de l’alcool. Une fois les microbes éradiqués, quand la douleur palpitante disparaît peu à peu, on a la certitude que notre corps va nous remercier et repartir plus sain, avec une petite cicatrice en prime.

L’histoire chez Ken Follet est aussi un paramètre très important et je sais de source sûre que l’homme fait ses devoirs de recherches avec application. Et son livre s’en ressent. Dans ses livres, vous ne trouverez pas Le Havre sur la Méditerranée, et les français ne seront pas des êtres maniérés qui portent des foulards et des bérets pour aller chercher leur baguette en passant par le bistrot du coin…

Comment je le sais ? Parce que l’action du Réseau Corneille se passe dans l’Europe de la seconde guerre mondiale, de part et d’autre de la Manche. Et qu’en termes d’analyse du comportement anglais et français, mon ami Ken tape dans le mile !

Naviguant entre le nord de la France et le sud des Etats-Unis, ce livre est mené tambour battant et vous tient en haleine jusqu’à la dernière page.
Betty Clairet est Major au MI6, chargée de mission de sabotage sur le territoire français. A la veille du débarquement allié, Betty va devoir former une équipe pour une mission particulièrement périlleuse, la destruction d’un centre de télécommunications allemand. Le réseau Corneille, une sorte d’agence tout risque à la mode WWII (World War 2) est composée exclusivement de femmes, histoire de surprendre l’ennemi…
Pour faire face à cette héroïne au charisme impressionnant, il nous fallait un Némésis à sa hauteur. Et Dieter, allemand Nazi au charme machiavélique remplit toutes les conditions requises pour le rôle :
– Sans aimer la violence pour la violence, il voit en elle une façon d’obtenir des informations, et s’embarrasse peu des scrupules moraux qui pourraient en animer d’autres.
– Alors que d’autres auraient sous-estimé une femme, il sait que Betty est une menace pour le Reich, et voit en son arrestation le moyen prouver sa supériorité intellectuelle.
On aime le détester.
On aimera aussi Paul, américain intriguant chargé de prêter main forte au Major… et plus si affinités… Ahhhh… Paul…
L’arrogance américaine, le charme viril de l’homme, l’honneur et l’héroïsme du militaire allié. Betty a bien de la chance. Mais avant d’avoir de la chance, Betty va un peu souffrir. Paul aussi d’ailleurs. Mais tout deux vont en sortir grandis.
Et moi, alors que je referme le livre, j’en ressors le souffle court d’avoir eu peur pour eux, émue par leur douleur, et amoureuse une nouvelle fois du travail de leur auteur.
Bonne lecture,
Tam-Tam

Vent d’est, vent d’ouest

(Réédition 17/03/2011)
Ami lecteur(trice), hier soir, j’ai vécu un drame dramatique (oui, il existe des drames pas dramatiques – vous ne saurez pas de quoi il s’agit, celui d’hier était bel et bien dramatique). Sur l’échelle des drames dramatiques, je pense qu’il était tout en haut, en compagnie d’une rupture de stock de mes cookies préférés au Monoprix un soir de révisions. C’est dire si la situation était grave!
Je disais donc, hier soir. Pas de révisions, l’absence de cookies était gérable, mais j’étais fermement décidée à vous écrire un petit post sur un de mes livres préférés. J’ai donc commencé à retourner ma bibliothèque pour mettre la main dessus (dans ces moments-là, je me dis qu’il faudrait vraiment que je me résigne à CLASSER mes livres au lieu de les entasser au petit bonheur la chance). Et là, drame. Dramatique. Impossible de retrouver mon livre chéri. Je vérifie. Je recommence. Deux fois. Rien à faire, mon exemplaire de Vent d’est, vent d’ouest a disparu.
Et que fait une personne normalement constituée dans un cas pareil? Elle attend, elle réfléchit, se demande si elle ne l’aurait pas prêté. Dans mon cas, vérifie si elle ne l’a pas laissée chez ses parents, qui ont encore en otage quelques dizaines de livres lui appartenant.

Eh bien pas moi. Étant hautement intelligente, je me suis précipitée sur internet pour commander en urgence mon livre chéri. Logique. Surtout que je suis en train de rédiger ce post de mémoire! Ce n’est donc pas comme si j’allais m’en servir immédiatement. Mais le simple fait de savoir que je ne l’avais pas a déclenché chez moi un réflexe primaire, une nécessité de le tenir entre mes mains et de le relire, une fois de plus!

L’histoire se passe en Chine, en 1930. Pearl Buck, l’auteur, est une américaine contemporaine de l’époque, qui connaît bien son sujet pour avoir vécu en Chine plusieurs années. C’est de la vieille Chine, celle d’avant la Révolution culturelle, dont il est question ici, et de son affrontement avec l’Occident qui commençait alors à atteindre le pays.

Kwein-Lan est une jeune fille élevée dans la plus pure tradition chinoise. Son mariage a été arrangé, avec un homme de très bonne famille qu’elle n’a jamais rencontré, un chinois éduqué qui a étudié la médecine aux Etats-Unis et n’en est revenu que pour le mariage. Le soir de leurs noces, il lui annonce qu’il ne souhaite pas vivre selon la tradition, à commencer par le fait d’habiter avec ses parents dans la maison ancestrale. Nos jeunes mariés emménagent donc dans une maison de type occidental, idée révolutionnaire pour l’époque. Kwein-Lan est troublée par l’attitude de son mari, elle qui a été élevée pour demeurer soumise à un homme, alors que lui souhaite la traiter en égale. Elle a été si bien élevée qu’elle ne dit jamais rien de ses opinions, de sa perplexité face aux idées étranges de son époux, de cette maison qu’elle trouve laide. Entre eux, le courant ne passe pas du tout. Plus elle tente de plaire à son mari en étant une bonne épouse selon les préceptes que l’on lui a enseigné, plus il est distant. Car Kwein-Lan ne peut se résoudre à remettre en cause le bien-fondé de tout ce que l’on lui a appris. A commencer par ce qui concerne ses pieds.

En effet, notre jeune mariée a les pieds bandés. Pour rappel, dans la vieille tradition chinoise, les femmes issues de familles riches avaient les pieds bandés depuis leur plus tendre enfance, pour les empêcher de grandir. En dehors du fait que les petits pieds étaient considérés comme un canon de beauté, cette coutume était extrêmement douloureuse et elle symbolisait la richesse et la puissance de la famille : une femme aux pieds bandés ayant du mal à marcher, cela signifiait que la famille pouvait se permettre d’entretenir ses femmes sans qu’elles aient à travailler. Seules les paysannes avaient donc des pieds normaux, considérés par tous, à commencer par notre jeune mariée, comme laids.

Quand son mari lui demande d’arrêter de se bander les pieds, Kwein-Lan résiste violemment. Elle y voit un déni de tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle représente. Son mari y voit un signe de barbarie, un refus d’entrer dans la modernité.  C’est le jour où elle cède enfin que les choses changeront entre eux. A compter de ce moment, leur relation va s’épanouir, et nos époux vont se découvrir, enfin communiquer et se comprendre. Nous suivrons dès lors l’évolution non seulement de leur mariage, mais aussi du monde qui les entourent.

C’est une histoire très touchante, toute en nuances et délicatesse, avec des personnages vraiment atypiques, pris entre deux mondes, deux civilisations. L’auteur sait à merveille nous décrire un pays en suspens, à l’aube du changement. Si Vent d’est, vent d’ouest est incontestablement le chef-d’œuvre de Pearl Buck, sur le même thème, je vous recommande également les livres Fils de Dragon et Pavillon de femmes, deux autres histoires magnifiques et poignantes…

N’hésitez pas!Bonne lecture,

Chi-Chi