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… ou comment j’ai perdu foi en l’humanité pendant 800 pages.
Styxx est le 23ème tome de la série du « Cercles des immortels » de Sherrilyn Kenyon. Et fidèles lecteurs de ce cercle, grands amoureux des Dark Hunters et autres héros de Sherrilyn Kenyon, je me dois de vous prévenir: la chronique qui suit est dure et sera sans doute ponctuée de spoilers sur les précédents tomes. Pas beaucoup j’entends, je ne compte pas vous faire un résumé détaillé, mais ne serait-ce que replacer les différents personnages pour vous brosser le tableau global. Je ne peux pas décemment vous faire « c’est l’histoire d’un type… » version princesse. Par contre, je peux décider de vous parler des personnages qui sont présents dans ce tome et que vous et moi avons appris à connaitre au fil des pages. Ça, je peux faire.
Ceci étant dit, c’est donc l’histoire d’un type, qui s’appelle Styxx ,et qui au moment de sa naissance s’est fait avoir (et pas qu’un peu).
Déjà il n’était pas seul. Et dixit les jumeaux que je connais, ce n’est pas tous les jours chatoyance et glamour de devoir partager son « special day ». Néanmoins, au regard de la vie trop géniale top moumoute que notre héros mène, je pense que partager son jour avec Acheron (oui, le chou, le sexy, le mystérieux, le trop viril et alpha Ash), c’est le cadet de ses soucis. Et quand je dis « géniale top moumoute », y lire de l’ironie… beaucoup beaucoup d’ironie, avec des cageots de sarcasme de second degré saupoudré dessus…
Oui, vous avez bien lu. La vie de Styxx n’est pas arc-en-ciel et petites licorne. Et je sais que toi, là bas au fond, la lectrice qui a lu l’histoire d’Acheron (ainsi que les tomes qui précèdent) je te vois qui t’agite et te retiens de crier au scandale? « Comment? Styxx aurait eu un vie complexe? Quel camouflet (oui, j’aime l’amiral Snow a deteint sur moi), c’est un pourri gâté qui jalouse son frère depuis toujours, l’a fait souffrir à mainte reprises et a même tenté de le tuer, alors pardonnez que je ne verse pas une larmichette sur cet abject personnage qui ne mérite même pas de partager le jour de gloire de mon Acheron d’amour! » (avouez, vous l’appelez comme ça en croyant être les seules!).
Je vous entends mes amies, je comprends votre perplexité, mais toute histoire a deux versants. Rappelez vous Zarek et Valerius? Il n’y a pas une seule vérité lorsqu’il s’agit de relater une histoire, il y a les versions (honnêtes) de tous les partis présents, du recul, et la vérité est quelque part au milieu (et peut parfois nécessiter une soirée arrosée pour la percevoir, mais ne soyons pas pinailleuse).
Acheron et Styxx, c’est exactement cela. Une vérité quelque part entre les différentes expériences de ses protagonistes. Et vous aurez besoin d’alcool, ou de chocolat ou du doudou de votre enfance (voire des trois réunis)! Parce que si vous pensiez qu’Acheron (ou Zarek, ou Valerius, ou même tous les DH) avait souffert, Styxx nous donne une nouvelle définition de la chose.
Petits retour sur les faits: Appolymi (mère de Acheronchou) n’ayant que fort peu apprécié la décision de son cher et tendre mari Archon (qui était donc de tuer l’enfant qu’elle portait parce qu’une prophétie annonçait qu’il serait l’instrument de la fin du panthéon atlante et de la fin du monde) a usé de son intelligence et de son instinct de mamounette et a caché le bambin dans le ventre d’une souveraine (déjà enceinte) (c’est fou ce que l’on peut faire avec un peu de magie hein?)…
A la naissance, le roi entre dans une fureur parce que les deux jumeaux ne sont pas identiques, identiques… Acheron, né le premier, possède en effet des yeux particulièrement inoubliables. Il accuse sa femme d’adultère (mais juste sur bébé numéro 1, parce que sinon, ca va devenir compliqué pour l’héritage), et bébé Ash se retrouve seul et abandonné de tous… Sauf de sa soeur Ryssa, qui essaye tant bien que mal de compenser l’injustice dont il est victime.
Jusque là, pas de grande révélation, vous connaissez ce pan de l’histoire (et tout ce qui va suivre après, en bien et mal).
Passons au cas Styxx. On pourrait en effet croire que dans l’histoire il profite allègrement de la situation en chapardant la place d’héritier et bénéficiant de l’affection indivisée de ses parents (au détriment de ce pauvre Acheronchou). Mais en fait pas du tout.
Pourquoi? Parce que mère nature est une truie déjà, et qu’ensuite si les-dits parents avaient été des êtres humains décents, ils n’auraient ni rejeté Ash, ni fait payer à Styxx la situation complexe que son image de jumeau rappelait à eux. Mais comme ses parents sont des grands malades, Styxx va lui aussi être maltraité, de manière plus vicieuse et pernicieuse…
Tout commence par des maux de tête. Le grand roi canard (il a un nom, mais il ne mérite même pas que je m’en souvienne) pense alors que son fils est possédé par le dieu Dionysos et l’envoi se faire « purifier » au temple. Cette purification implique des choses hyper fun telles que l’utilisation répétée de lances chauffées à blanc histoire de faire « sortir » l’esprit du Dieu (de quoi faire passer les barbaresques saignées de la médecine européennes du 16ème siècle pour des massages aux huiles essentielles), de la privation de nourriture (bah oui, faire en sorte que le « patient » puisse se remettre du « traitement » serait trop simple), et globalement de tortures en tout genre…
Dionysos, de son coté, trouve le spectacle plutôt drôle, d’autant qu’il n’a jamais possédé le jeune Styxx et appelle son pote Apollon (vous pensiez détester Artémis, « assoyez » vous mes amies) qui le trouve bien à son gout ce petit et lui propose un marché: « Je te libère de tes souffrances et je fais de toi ma chose » (apollon est moins poétique que moi et beaucoup plus graphique dans la description de ce qu’il compte faire de lui, mais il n’a pas une Chi-Chi qui veille au grain, et c’est un canard lui aussi).
Styxx, s’accroche au peu de dignité qui lui reste et refuse… A ce moment là du livre (on est quelque chose comme page 30/800), toi le lecteur avertie, tu te doutes que 1) la suite du livre va être difficile à lire (je veux dire, Styxx vient de choisir entre la torture et le viol quand même) et que 2) Apollon ne va sans doute ma s’arrêter là.
Et tu auras raison! Parce que s’en suivent plus de 700 pages où Styxx va ne connaitre pratiquement que la souffrance et pour bien mettre les point sur les i, il va se faire « maroufler par de véritables canards » (j’ai confiance en votre intelligence). AU PLURIEL!!!! Et dans l’anonymat le plus total. Personne n’est au courant du tourment dans lequel les circonstances le force à vivre – sa mère ne supporte pas sa vue, sa sœur le méprise, son père déteste que son visage lui rappelle celui de son frère a ses problèmes à lui… C’est la famille du bonheur!
Et contrairement à l’histoire d’Acheron qui se divisait en deux parties, l’une beaucoup plus joyeuse et optimiste, j’ai ici retenu mon souffle jusqu’à la toute fin. Car si Styxx va lui aussi vivre le grand amour, rien ne sera facile! Loin de là!
On pourrait croire à la fin de cette lecture que tout cela fait beaucoup et qu’il y a peut être un peu trop de déballage de violence gratuite (vous n’avez pas fini d’entendre parler de marouflage dans ce livre) mais ce serait sous estimer l’intention de l’auteur qui voulait montrer à quel point la vision d’une histoire peut révéler une vérité différente en fonction des détails qui sont gardés sous silence.
L’histoire de Styxx a eu deux effets sur moi: j’ai apprécié chaque seconde de l’histoire d’amour entre Styxx et Bethany et j’ai adoré que jamais ne soit remis en question la confiance qui existe entre eux. Et enfin j’ai finalement révisé mon jugement sur Artémis qui à côté de son frère jumeau est la personnification de la gentillesse et de la générosité!
Ma chronique se termine, certains d’entre vous croiront sans doute que j’en ai beaucoup révélé… Vous n’êtes pas aux bout de vos surprises et promis, je ne vous ai en rien ruiné le plaisir de la découverte!
Cette histoire est dure, mais formidablement écrite. Je ne peux que vous conseiller de vous armer de courage et de vous plonger dedans sans tarder!
Bonne lecture,
Tam-Tam